Stéphane :
Alors comment on se projette sur la pratique de l'alpinisme, la formation de guide ?
Bien sûr, ça n'engage que moi.
Moi, je dirais plutôt très mal, comme d'habitude. Après, dans tous les cheminements dans lesquels on est, je suis vraiment conditionné intellectuellement par ce cheminement.
Et autant, j'hésite...
Très rapidement un portrait de ma vision des choses.
Enfin, je dis ma, mais c'est aussi l'ami qui travaille sur ce sujet-là, plutôt avec qui on travaille, mais c'est plutôt lui qui porte le projet, sur la vision analytique.
Pour résumer, c'est toujours des visions très schématiques, pour y voir plus clair, et ce n'est pas des vérités absolues.
La pensée complexe, on peut la définir de diverses manières, mais là, pour te répondre sur le côté prédictif et sur le fait de se projeter, projectif, disons que l'une des conséquences de la pensée complexe, qui est plutôt du croisement d'informations, c'est qu'on peut percevoir que les choses bougent, ce qui est, de notre point de vue, aussi bien à des échelles individuelles qu'à des échelles globales, à l'échelle du globe, de la Terre entière, on voit que c'est compliqué, que ça bouge.
Et ça, c'est assez symptomatique de la vision des choses qu'on a, du fait qu'il y a un saut de complexité qui est en train de s'opérer.
Et ces sauts de complexité, ils sont issus du croisement d'informations et d'un certain volume.
Il faut un certain volume d'informations, ce n'est pas à n'importe quel moment.
Mais pour autant, on sait que ça bouge, mais on ne sait pas ce qui va en sortir.
Il faut aller voir, en plus, toi, tu vas être mieux outillé que moi pour comprendre au niveau mathématique ce que c'est la complexité.
Et donc, le côté prédictif, c'est un jeu difficile.
Si ce sont deux informations qui se croisent, bon, on peut arriver encore à la prédiction, mais quand il y a N informations, on n'y arrive plus.
Une des façons d'entrer dans le monde complexe, c'est Laurence sur le climat, justement, et les coups de l'effet papillon. C'est l'histoire des conditions initiales.
Les conditions initiales qui varient un petit peu, des informations qui bougent un petit peu et ça produit quelque chose de différent qui va être complètement nouveau.
Même si on le sait sur l'histoire des doubles pendules.
Mais par ailleurs, à titre individuel, sur d'autres sujets, j'aime bien poser des diagnostics sur des choses. Je pense que sur la pratique de l'alpinisme, pour l'alpinisme standard, c'est dans mon parcours et dans ce que je vois, j'en côtoie quand même encore beaucoup.
On est plus dans le quoi que dans le pourquoi.
On est porté par le quoi, une activité, qui peut être l'escalade, la montagne, autre chose.
Mais on n'a pas besoin de savoir pourquoi on s'y lance.
Donc, on prend les choses comme elles viennent.
On prend l'expérience comme elle vient.
Moi, c'est plutôt ça… Donc, on n'a pas tellement besoin de se projeter sur l'activité elle-même.
Après, sur la part sociétale, évidemment, ça, je vois une grosse différence entre mon parcours,
mais peut-être que moi, j'étais un peu à part du fait de mon histoire. Enfin, chacun a son histoire.
Et je ressens quand même beaucoup plus d'angoisse, d'inquiétudes, de la part des jeunes, des moins jeunes, enfin de tous ceux qui rentrent dans l'activité et qui ont besoin que les choses soient beaucoup plus cadrées, ils ont beaucoup plus besoin de se projeter.
Mais bon, sur la partie vraiment alpinisme, enfin des alpinistes, comment ils sentent le truc ?
Je ne sais pas trop…
Par contre, les guides, eux, aussi bien les guides que l'école, là, ça bouge un peu plus quand même. Et je sens beaucoup d'inquiétudes sur tout ça, évidemment, comme pour beaucoup.
Moi, j'en ai moins.
Quentin :
C'est des inquiétudes qui se manifestent sur quoi ?
Stéphane :
Le réchauffement, le moins de neige.
Alors typiquement, nous, là, on est dans les Alpes-Maritimes, le Mercantour.
C'est vrai qu'il y a moins de neige.
Alors, oui, le moins de neige, c'est quelque chose qu'on m'a expliqué il n'y a vraiment pas longtemps.
Je le lisais surtout, comme beaucoup j'imagine, mais nous, dans notre massif, il n'y a pas que ça, il y a le moins de neige parce qu'il y a un effondrement des précipitations.
Et la difficulté de tous ces sujets aussi, c'est que c'est très, très hétérogène. Même sur l'échelle de notre territoire, Valberg, par exemple, hors question de neige, simplement question de précipitation, c'est un véritable souci. Plus on va sur l'ouest du département, plus c'est un souci.
J'ai entendu dire, ce sera à confirmer, qu'ils ont bloqué les permis de construire à cause de l'accès à l'eau. Ils ne peuvent plus garantir assez d'eau donc ils bloquent les permis de construire. Il y a vraiment un problème hydrique très fort qu’il y a beaucoup moins sur la Vésubie. Par exemple, si on le prend entre Auron et Isola 2000, qui sont vraiment à côté, ce n'est pas du tout, en caricaturant, le même climat. Isola 2000, ils prennent beaucoup plus d'effet de lombarde, donc ils ont beaucoup plus d'eau et en plus, ils sont plus hauts.
Les lombardes, elles ont tendance à refroidir. Ils sont plus hauts, plus d'eau, plus de refroidissement, donc ils ont plus de neige
Alors après, pour aussi essayer de te répondre.
J'ai l'impression que c'est très individuel aussi.
C'est hétérogène de partout, en fait. C'est hétérogène aussi bien sur l'espace
que sur les individus. Un peu sur le temps aussi, parce qu'on voit cette année, il y a un truc qui est très interpellant pour moi, c'est qu'on parle de la Nia, qui n'intervient pas normalement en Europe. La Nina, c'est plutôt un refroidissement de l'Atlantique ou je ne sais plus de quel océan. Je crois que c'est l'Atlantique.
Le Nino, c'est plutôt un réchauffement.
Donc, ça a une incidence, parce que je suis allé grimper quelquefois en Amérique du Sud.
Ce n'est pas des phénomènes dont on a parlé depuis quelques décennies maintenant.
D'abord, le Nino, et après, la Nina, qui a une incidence.
Normalement, là, on sait que c'est la Nina, qu'elle n'a pas d'incidence en Europe, mais fatalité.
On a un été, ou dans les Alpes, dans le massif du Mont-Blanc, on a quasi eu une pratique de l'alpinisme, entre guillemets, normale, comme on l'avait, il y a encore, en tout cas, quand moi, j'ai commencé il y a 30 ans. Peut-être pas exactement… Mais, bon, on s'approche de ça, alors qu'on s'attendait à quelque chose de beaucoup plus catastrophique, qui n'a pas eu lieu.
Et on voit, nous, le temps, il est quand même incertain.
Là, ce n'est pas juste cette semaine.
Et puis, d'un autre côté, en bas, il y a quand même une calicule très marquée.
Dans le Mercantour, je l'ai moins senti. Il faisait chaud, plus chaud quand même, que ce qu'on avait il y a 20 ou 30 ans, où nous, on a beaucoup de parois qui sont orientées à l'ouest. Donc, le matin, c'était onglet, garantie. Donc, ça, c'est très facile à évaluer, de façon complètement empirique.
L'année dernière, à la Cougourde, il y a eu une journée où la paroi, elle prend le soleil vers 11h, globalement. Ça dépend un peu de la saison, de comment on a le soleil.
Mais à 8h du matin, là, on était tôt pour un projet et on était en T-shirt à 8h du matin.
Il y a 20 ans, c'était l'onglet, c'est sûr.
Dans la journée, c'était plus chaud qu'en bas avec la chaleur.
C'est une chaleur qui est différente en montagne, complètement écrasante. C'était vraiment pas loin de se prendre l'insolation, en se protégeant.
Cette année, on n'a pas eu. J'y étais aussi à peu près sur la même période et pour le même projet. Alors, enfin, si, il y a le jour qui joue.
L'année dernière, ça devait être le jour le plus chaud mais c'était un cran en dessous.
Et donc, pour revenir à la Nina est-ce que cette nina, elle est l'influence, ça vient d'où ?
C'est vraiment des sujets très, très, très complexes. Donc, pour détricoter...
Parce que toi, c'est ça que tu vas chercher, un peu des invariants, des choses sur lesquelles
t'accrocher, pour pas être trop dans la confusion.
C'est des sujets complexes.
Venir alors en plus, déjà sur l'analyse factuelle, c'est vraiment complexe.
Et après, pour projeter par rapport à ça…
Quentin :
Oui, c'est sûr.
Est-ce que ce n’est pas dans la manière dont la pratique s'organise que cela évolue ? Comme si, elle s'organise maintenant avec moins de certitude qu'elle s'organisait à un moment ?
Stéphane :
Ah oui, complètement.
Ah oui, oui, ça, complètement...
Quentin :
Est-ce que c'est pas, des créneaux qui changent du coup ?
Des créneaux réduits ?
Stéphane :
Complètement. Tu vois, les créneaux sont réduits, force de condition, plus complexes, clairement.
Quentin :
Mais dans la manière dont on appréhende la pratique, est-ce que c'est pas plutôt désormais essayer de faire confiance à l'incertitude ?
Stéphane :
Ah oui, oui.
Là, tu dis beaucoup, beaucoup de choses.
Alors déjà, juste pour finir avant cette question remarque, j'ai des jeunes dans les équipes qui sont beaucoup, beaucoup plus sensibles à ces sujets-là.
Là, l'équipe nationale, ça dure trois ans à la FFCAM.
On en a eu un qui a dit, moi, je ne prendrai pas l'avion. Donc l'objectif, c'est de faire une expédition à la fin. Donc sur ce, il n'est pas venu, parce que aussi, c'est par ailleurs quelqu'un qui a eu un engagement militant très fort. Et puis notre projet, il a changé, il a failli partir ailleurs, il est finalement reparti là où il était initialement prévu. Donc lui, pour qu'il s'organise en bateau pour aller en Amérique du Sud, il n'a pas pu venir.
Mais en tout cas, on sent que ça bouge vraiment. Les jeunes se posent beaucoup plus de questions. Donc eux, ils se sont projetés et ils refusent certaines choses.
L'ENSA, il y a une pression parce que l'ENSA, à l'école qui forme les guides, les conditions du ski de piste, de Chamonix. Elle dépend du ministère des Sports. Donc, elle a des injonctions politiques, qui sont critiquées, on dit ça vaut rien, blabla, mais quand même il y a des injonctions et donc ils essayent de réduire quand même leur incidence, leur empreinte sur le climat et ils facilitent le covoiturage, ils facilitent ce genre de choses. Il y a un discours… mais à la limite,
c'est plutôt presque les stagiaires qui y contribuent, parce que les jeunes se construisent de cette nouvelle manière. Nous, on est construits d'une autre manière, on s'est adapté, c'est toujours plus difficile de s'adapter et ça pousse, ça pousse d'en bas, enfin entre guillemets d'en bas. Voilà.
Mais après, par rapport à l'incertitude, alors là, sur ta deuxième question, là, c'est très complexe aussi pour peut-être des raisons très simples d'ailleurs, comme parfois dans la complexité.
Oui et non. Il y a une tendance...
Moi, ce que j'ai vu, c'est les générations d'alpinistes avant moi, c'est lié aux congés payés aussi. Ils bloquaient trois semaines. Ils allaient à Chamonix au Camping, ils n'avaient pas tous forcément des gros moyens. Alors, c'est très hétérogène le milieu de l’alpinisme au niveau des moyens, des classes sociales. Et ça, ça meurt aussi, avec une normalisation quand même..
Donc, il y a tous ces processus de normalisation qui sont derrière. Mais en tout cas, le processus qui était de bloquer ses vacances et d'avoir du temps libre à un moment donné, ça, pour moi j'ai l'impression que ça a commencé à s'effondrer avant qu'on ait conscience. J'ai l'impression que l'effondrement de ce modèle, de dire je bloque mes vacances et de partir sur quelque chose de souple, c'est plus venu de mon point de vue, plutôt de contraintes sociétales et économiques. Chacun ajuste son emploi du temps.
Parce que moi, j'ai 53 ans. Voilà. Moi, j'aurais pu le dire et me présenter aussi :
Stéphane Benoist. J’ai 53 ans. Je suis né en région parisienne. Pour des raisons familiales, je suis arrivé à Saint-Jeannet à l'âge de 5 ans. Donc, je me considère vraiment d'ici. Je ne connais pas du tout la région parisienne. Vraiment très, très mal. J'ai été construit d'une certaine manière où je ne le vois pas que de mon histoire. Mais, tous ceux de ma génération et même encore, mettons, au moins 10 ans, 15 ans, plus jeunes que moi, les parents s'occupaient beaucoup moins de leurs enfants. Donc, ça, ça a une incidence directe sur les loisirs. Parce que le temps passé à être en prise de plus en plus avec son travail, d'être dans de l'incertitude professionnelle, donc avec de l'engagement professionnel, je ne sais pas comment il était avant.
Les gens étaient engagés, ils bossaient aussi. mais dans un monde qui est quand même de plus en plus complexe. S'occuper plus de sa famille.
Le temps, les journées de 24 heures restent de 24 heures. Alors, on a des outils pour être de plus en plus efficaces. Mais il y a une espèce de course. Et, en tout cas, j'ai senti un effondrement de ce schéma de bloquer ses vacances et d'être opportuniste et, en tout cas, d'avoir des petites unités, des plus petites unités de temps à consacrer à ses loisirs. Peut-être aussi pour un cas de schéma, plus que pour des loisirs personnels, tout ça avant qu'on ait pris conscience de l’importance et du fait de s'adapter.
Et ensuite, tu as parlé du rapport à l'incertitude.
Alors là, ça, c'est vraiment… C'est vraiment le mot-clé qui est central à tout pour moi.
Oui. C'est notre rapport à l'incertitude.
Ça, c'est vraiment le mot-clé et qui reboucle avec d'autres choses sur, justement, la pensée analytique qui, quelque part, refuse cette incertitude et la pensée complexe qui...
Alors, après, les choses s’entremêlent Il y a de l'analytique dans du complexe, du complexe dans de l'analytique. Mais qui est, justement, l'acceptation de cette incertitude.
Et là, il y a des cheminements aussi… Des cheminements aussi bien individuels que collectifs.
Et là, c'est compliqué. Je parle beaucoup des jeunes parce que j'encadre des jeunes.
On a créé un bureau des guides
il y a un peu plus de 15 ans maintenant. Avec un copain, enfin, un ami qui tient le Gite du Boréon, qui est guide aussi. C'est lui aussi qui s'intéresse pas mal à la météo, qui a bien regardé ces histoires. On parle de température, mais aussi de baisse de quantité d'eau.
Et Nicolas Ferraud. Et sur des questions...
Alors, peut-être, lui, il a besoin de plus de questions un peu plus précises sur la météo. Mais sur les questions économiques et commerciales, du fait du fait de son histoire, surtout au niveau commercial, il a des choses à dire. Il a une vision aussi.
Certainement, par rapport à la fréquentation aussi.
Oui, mais c'est lié aussi à l'histoire de ses parents, à l'histoire de famille.
Oui, l'incertitude, je me suis un peu perdu. C'est vraiment le nœud du problème pour moi. Et oui, et donc, dans ce bureau des guides, d'ailleurs, si on a le… C'est parce que c'est lui qui a posé… Il est plus jeune que moi. Moi, je suis 71 ou 82. Mais lui, il avait énormément d'avance sur moi sur, justement, la compréhension de la société, des mécanismes économiques, des mécanismes commerciaux. Et donc, c'est plutôt lui qui a posé notre modèle économique de notre bureau des guides. Et qui marche bien parce qu'ici, le tourisme, il s'organise… Enfin, le tourisme de montagne. Il y a un million d'habitants avec quand même une activité économique importante basée sur le tourisme. Il y a aussi Sophia Antipolis qui a quand même un poids assez important. Et c'est plutôt un tourisme à la journée. C'est très global. Les gens font l'aller-retour à la journée. Et nous, la contrainte qu'on avait, c'est celle d’un petit massif.
Moi, je le dit de façon un peu caricaturale, c'est un sous-massif. Par rapport à des massifs que je considère comme des capitales.
Chamonix pour moi, c'est la capitale de l'alpinisme en France, mais c'est la capitale mondiale pour tout un tas de raisons. Mais par exemple, tu as aussi évoqué La Grave, tu as un projet là et c'est aussi une capitale, moins marquée, mais c'est quand même une capitale. L'hiver en tout cas, c'est clairement une capitale. L'été, c'est une petite capitale.
Et donc en tant que guide, on n'est pas du tout dans la même logique. Parce que, quand on est dans une capitale, pour le dire aussi de façon très grossière, les clients se jettent sur les guides.
Au Mont-Blanc il manque tout le temps de guides. Alors, sur la partie saison, parce que ce qui fait que c'est une capitale, c'est aussi lié au fait que c'est de grosses montagnes avec justement beaucoup d'incertitudes pour les gravir et que tu ressens plus le besoin de payer.
Alors, tu paies encore plus cher pour un guide, pas énormément, mais c'est cher de prendre un guide de toute façon. Mais de prendre un guide dans un massif où tu sens qu'il y a beaucoup d'incertitudes, de dangers, que dans un petit massif comme nous, où finalement, il n'y a pas tellement de glaciers, il y a un glacier moribond sur la face nord du Gélas, dans le sens où il y a un névé avec de la glace permanente qui reste.
Elle ne fondera pas même fin octobre. Parce qu'on dit, on pense à l'été, mais en fait, l'histoire des névés permanents,c'est plutôt fin octobre voire novembre avant qu'il y ait des nouvelles neiges qui arrivent.
C'est comme ça qu'il faut voir les choses. Donc, les périodes où il y aura moins de neige, ça va plutôt être... Ce n'est pas l'été, ce n'est pas juillet. En fait, ça va plutôt être octobre. Et donc, sur ce modèle de tourisme, et de mettre plusieurs stagiaires ensemble, donc là, c'est la clientèle privée, ils sont aussi contents d'être en dynamique, moins inquiets d'être en face-à-face avec le guide. Et puis, on répond aussi à une attente de la société qui va vers plus de demandes d'autonomie.
Et de ne pas seulement prendre un guide dans une relation qui s'existe toujours et c'est super, qui est une relation de partage.
Le guide amène, qu'il connaisse l'itinéraire ou pas, mais il amène dans la montagne qu'il connaît mieux a priori que le client. C'est ça, l'objet de la relation. Et nous, on en a un tout petit peu, mais dans un massif comme le nôtre, les gens apprennent à grimper et puis finalement, rapidement, ils se débrouillent en partie tout seuls. Donc nous, ce qu'on propose, c'est plutôt un stage pour leur permettre de mettre des contenus et de gagner en autonomie. Donc ça, ça fonctionne bien. Mais cette clientèle, on en a de plus en plus et si on en a de plus en plus, c'est certainement parce qu'elle est de plus en plus inquiète, de plus en plus dans un système où elle a du mal à sortir des sentiers battus toute seule. Alors quand je dis système, je ne veux vraiment pas qu'on plotisse, je ne dis pas qu'il y a des gens qui organisent un système. Pour moi, le système, on l'organise tous. Ça, c'est important de le préciser. Parce qu'on fait tout de suite sur des questions délicates dès qu'on parle de Tisdemo comme système. Société, oui. Oui, voilà, mais société, oui, c'est un peu plus doux. Et donc, il y a quand même de l'inquiétude et moins d'acceptation de l'incertitude que ce qu'on pouvait avoir sur les générations quand moi, je grimpais avec d'autres alpinistes ou quand je voyais ce que proposaient les guides. Et après, au niveau des stagiaires que j'ai dans tous les stages, donc là maintenant je suis sur trois groupes différents. Un stage au niveau local d'alpinistes dans les Alpes-Maritimes que j'ai commencé là en 2005. OK. 2006, exactement. 2005, j'ai commencé l'équipe nationale. 2006, l'équipe locale. Et là, depuis deux ans, l'équipe du groupe féminin FFKM, ENSA, l'FFKM, c'est le club alpin. ENSA, c'est l'école des guides. Et alors là, alors là, au niveau de l'acceptation de l'incertitude de se lancer, non, c'est difficile. Je suis même venu, alors moi, je n'étais pas le responsable. Au début, j'ai travaillé avec, j'ai beaucoup appris, avec Christophe Moulin, qui a été le responsable à FFKM toutes ces années-là, Grosso modo. Mais il a arrêté depuis six, sept ans. Et donc là, j'ai fini ma deuxième équipe de trois ans. Et ma première équipe, c'est à dessein, j'ai fait venir quelqu'un qui, pour moi, est dans le très, très haut niveau et dans une démarche artiste. C'est-à-dire que lui, la différence, c'est que l'image que je prends, elle vaut ce qu'elle vaut, mais c'est Van Gogh. Van Gogh, tu lui enlèves la peinture, dans mon imaginaire, tu le tues. Lui, tu lui enlèves ses activités, tu le tues. Mais par contre, ça va être vraiment l'artiste. Si tu lui demandes de cotiser à la retraite, de fonder une famille, de vivre entre guillemets, normalement, alors là, il est très, très handicapé. Mais vraiment, c'est Enzo Odo. Il est vraiment très handicapé. Et j'espère pour lui qu'il va cheminer, parce que c'est bien aussi d'évoluer dans la vie, de voir d'autres choses. Mais il part vraiment de loin sur ce plan-là. Vraiment, pour les jeunes, pour beaucoup de personnes, c'est même pas concevable, le monde dans lequel il vit.
Et donc, voilà, et d'intégrer ce profil artiste pour qu'il voit autre chose. Il y a des gens qui ne cherchent pas simplement... Il y a la notion du pourquoi, derrière. Il ne cherche pas forcément une finalité, un pourquoi. Je ne sais pas, il faudrait lui d'en parler. Je projette moi ce que je projette sur lui. Et donc, au niveau de l'incertitude, là, c'est le mot... Là, c'est un mot qui est lourd. Parce que, pour moi, on est dans une société qui se normalise. Mais cette normalisation, elle ne vient pas de gens qui complotent pour nous faire entrer dans Matrix, dans une matrice, le film Matrix. Je ne sais même pas s'il part du présupposé que ça a été... que c'est un petit nouvel de personnes qui a comploté pour organiser ça, d'ailleurs. Je ne l'ai même pas en tête, ça. Mais c'est plutôt nous qui participons tous au monde comme il est, comme il advient. Et donc, ça, c'est... Voilà, le mot incertain parce qu'on refuse au contraire cette incertitude. Et une certaine science se construit pour vraiment refuser cette... Cette incertitude. Cette incertitude. Mais le chemin de la complexité, il avance. Et à mon avis, il y a beaucoup de désordres qui viennent de là. Oui, oui, oui. Et le... C'est très intéressant ce que tu disais sur le quoi et le pourquoi. Enfin, tu vois, je trouve que... C'est peut-être une question qui ne s'est pas assez posée, le pourquoi. Dans l'alpinisme aussi. Ah, complètement, oui. tu vois. Et le... Enfin, moi, ça me fait écho à... J'ai retrouvé avant-hier, dans mon disque dur où j'avais stocké plein d'articles. C'est très vieux. C'est un court article. Ça fait une dizaine de pages qui avaient été écrits par Malory en 1914. Donc, dix ans avant sa tentative à l'Everest. Où il parle de... Enfin, il est connu pour cette fameuse réponse du parce que c'est là par rapport au pourquoi. Tu sais. Ouais, ouais. Mais c'est un article. Il est tout jeune. Ouais, il est jeune. Il est adolescent encore quasiment. Ouais, je crois. Parce qu'il est mort avant 30 ans, lui. Ouais. Et il écrit, en fait, il écrit que... En fait, il fait la distinction entre l'alpinisme qui aurait une... Comment dire ? Qui serait une recherche esthétique profonde. Enfin, tu vois. Au-delà d'une... Comment dire ? Au-delà d'une manière de style. Parce que ça n'existe pas vraiment encore à l'époque, tu vois. Mais en tout cas, qu'il y ait une attente de réalisation esthétique en montagne et de... d'une recherche de... de l'enjeu, tu vois, de la difficulté ou de la... Plus de la conquête à ce moment-là, tu vois. et je trouve ça super intéressant parce que j'ai l'impression que ça a toujours, en fait... Enfin, sans que ce soit vraiment binaire comme ça, tu vois. Oui, oui. Mais que... C'est comme si, ouais, il y avait peut-être... Enfin, tu vois, dans cette question du pourquoi et de l'esthétisme et quand je vois ce qu'a fait Enzo Oddo avec Léo Billon, par exemple, récemment, je me dis il y a quelque chose de beau là-dedans. Complètement. Et... Complètement. Et... Enfin, bref, ça me faisait juste écho à ça. Non, mais... Alors là, je... Et tu vois, comme s'il y avait aussi un débat qui n'était pas forcément mis sur la table depuis très longtemps par rapport à... Mais alors là, c'est le deuxième gros, gros mot. Il y a l'incertitude mais l'autre mot, c'est l'implicite. Oui. Et en fait, c'est pour ça que tout à l'heure, on n'enregistrait pas, mais quand... J'essaie de dérouler ma vision de la pensée analytique et je suis parti à Aristote, Terceau Nanda Tour, Le Thierre Exclu. Tout ça, c'est quelque chose qui est très implicite. Et beaucoup de gens qui sont dans la pensée analytique ne savent pas ça. Et sur l'alpinisme, là, il y a Delphine Moraldo qui travaille à l'intitule Max Weber de Lyon, qui fait tout un travail sur le... sur le fair play. Et donc... Et c'est vrai que... En fait, tout l'alpinisme, il a été fondé par des aristocrates et des bourgeois britanniques qui, eux, étaient construits sur le mode des clubs extrêmement élitistes, dans le sens le plus fermé du mot, pas dans l'excellence qui est de l'élitisme, mais en fait, en étant ouvert, on a un chercheur de la performance. Mais voilà, si on veut poser le sens des mots, c'est comme ça que je l'opposerais, et qui est plutôt voire radicalement un univers très masculin avec les codes masculins, les codes élitistes, et qui pose une éthique. Parce que l'éthique, c'est aussi un vaste débat. Et en fait, ça, c'est très implicite dans l'alpinisme. Et Malorie, quand tu fais la Malorie, c'est, à mon avis, de ce que je perçois de ce que tu en dis, c'est qu'il, soit il en a conscience, ça, je ne sais pas, soit il perçoit qu'il y a des forces antagonistes entre ces forces brutes qui sont des forces de rapport de domination issues de ces clubs élitistes et qui imposent un point de vue qui peut avoir des bons côtés aussi. Et là, il y a une ambiguïté par rapport à ton sujet principal qui est par rapport à l'écologie. Parce que eux, en plus, à la fois, il y a des choses, c'est mon point de vue, qui sont assez toxiques, négatives, qui sont ce rapport de domination masculin. Mais par contre, ça, c'est le volet négatif. Mais le volet positif, c'est qu'ils sont dans des logiques d'économie de moyens en montagne. Alors, pas sur les trajets. Ils n'auraient pas s'embêter sur les trajets. Ils n'étaient pas à ce stade-là. Mais en tout cas, en montagne, eux, un alpinisme comme celui qui est pratiqué, comme on l'a vu avec Inox Tag, voilà, cet alpinisme-là, où moi, je n'ai pas un regard négatif du tout là-dessus en plus, en tout cas, eux, seraient très très durs, très critiques dans le sens, le petit côté du mot, le côté négatif du mot de critique, très très dépréciatif sur ce genre de choses. Ils sont dans une logique déconnée de moyens d'un rapport à la nature, de respect de la nature. Mais je ne pense pas qu'il soit, dans ce que tu dis, la dimension... Enfin, c'est une dimension esthétique aussi qui est la leur. Mais, voilà, je ne sais pas bien l'expliquer, mais je sens que, dans ce que tu dis, Malorie perçoit des forces antagonistes et qu'on perçoit tous aussi et qui, inévitablement, pose la question qui est la question du pourquoi. Voilà. Ça, ça va à la question du sens. Mais toutes ces questions du pourquoi, du... Ouais. Elles sont aussi... Le pourquoi, c'est vaste. Je pense qu'il y a des impressions... Moi, je suis issu d'un monde de gradation aussi. C'est ça, la difficulté aussi que j'ai avec la pensée analytique, dans laquelle je suis inscrit aussi par moment. c'est que ça va être oui ou non, zéro ou un, vrai ou faux. C'est ce qui est recherché. Mais quand on est dans un univers de gradation, eh bien, c'est un peu vrai, un peu faux. Voilà. Et c'est pour ça que là, la question des probabilités intervient aussi tout de suite. Qu'est-ce qui est là-dedans ? Et... Et... Et donc... Moi, j'essaie souvent aussi de prendre, même dans des choses qui sont plutôt négatives, la part qui me paraît bonne, même si elle est petite, mais il y en a peut-être quand même une. Et l'inverse, dans des choses qu'on juge vraiment très positives, très bonnes, quelle est leur part sombre, quelle est leur part négative, enfin, quelle contrainte, quel problème ça va... Voilà. J'essaie toujours de trouver ce... Enfin, je ne suis pas... Ma personne n'est pas construite comme ça depuis toujours. mais j'essaie d'aller vers ce chemin. Oui, oui, oui. Ce chemin en crête, ce chemin d'équilibre. Et... Et oui, oui. Mais là, on est sur des sujets vraiment... Mais pour moi, l'incertain, l'implicite... Ah ben déjà, si on arrive à aborder, disons pour le dire comme ça, frontalement ces questions, là, on dit des choses très fortes. Mais je n'ai pas toujours pas répondu à ta question de la question initiale qui était comment on se projette ?
Alors, comment on se projette ? Ben, on se projette... Parce qu'il y a tout ce rapport aux angoisses et à l'implicite. L'implicite, c'est tout ce qu'on n'a pas compris, mais qui est là et qui structure tous nos imaginaires, tous nos façons d'être, tout notre monde qui sont vraiment très structurants. C'est vraiment, c'est clairement ça que je veux dire quand il y a l'implicite. Et donc, on se projette. Et donc, j'avais besoin de poser un peu dans les grandes lignes tout ça. On essaie de se projeter ou pas, d'ailleurs, en se disant ben on le prend comme il arrivera. Moi, je suis plutôt quand même un côté un peu naïf. Donc, j'essaie à la fois de me poser des questions, ouais, voilà, des paradoxes et des contradictions aussi, mais j'ai ça aussi. De le prendre aussi comme ça. Ça doit dépendre des temps. Il y a des temps de réflexion et des temps d'action. Oui. Et la neige, il y en aura moins. On sera plus haut. Voilà, ça, tout le monde, voilà, c'est... Et donc, il y a cette... Et en plus, la difficulté, c'est que on peut aller chercher dans d'autres pays où ils sont plus haut, ils en auront peut-être encore plus longtemps que nous. mais alors là, il y a plein de problématiques. Il y a la problématique en tant que guide de trouver du temps disponible, enfin, pour les gens qui prennent un guide ou qu'ils y aient tout seul parce qu'ils sont autonomes, d'avoir le temps disponible. L'argent peut s'être entraîné pour leur projet quand même et par rapport où ils en sont de leur conscience écologique. Est-ce qu'ils refusent complètement ça ou ils l'acceptent mais ils continuent de faire leur truc, on ne va pas s'empêcher de mourir ? Et moi, je dis ça sans aucun jugement parce que je suis presque... En disant de façon un peu caricatural plutôt là-dedans. Ou alors, je fais des sacrifices plus ou moins importants avec toute une gradation jusqu'à complètement refuser l'avion. Là, ce qui va avoir une incidence, mais ouais, je vais me prendre beaucoup de temps. Donc, là, l'équation financièrement parce qu'il y a l'économie toujours derrière quand même. Oui, bien sûr. Et voilà. Nous, ce qu'on peut mesurer, c'est que, voilà, comme tu l'as très justement dit, c'est très très instable aussi bien au niveau local, donc l'espace, qu'au niveau temporel. Sur une saison, je veux dire, sur les choses courtes. Et la reproduction d'une saison à une autre, ça bouge. Et pour la neige, parce que, alors nous, comme on est un petit massif, on était quand même déjà, enfin, les gens qui avaient pris un peu de recul là-dessus ou alors qu'ils, sinon ils le savent sans le savoir, la neige, elle bouge vraiment très vite. Donc, pour avoir la bonne neige, parce que c'est ça qu'on recherche aussi, ça dépend aussi après ce qu'on recherche. C'est simplement le ski comme moyen de déplacement, en ski de randonnée, le ski comme moyen...
de déplacement et puis la neige, elle sera comme elle sera, je suis content parce que c'est vrai qu'il y a le côté, voilà, que moi je souligne pas forcément assez mais qui est le côté merveilleux, enchanté, comme quand t'es enfant, tu t'es merveille, la neige, voilà, la montagne, il y a des magnifiques contrastes et le côté très merveilleux de la neige qui est merveille. Et voilà, est-ce qu'on se satisfait de ça ou est-ce qu'en plus on veut de la qualité de neige à la descente et là, ça se joue à pas grand-chose. Après, quand ça a basculé en neige de printemps, bon, tu verras un peu plus mais si on cherche un peu de poudreuse, mais ça, ça s'est accentué. Il faut être encore plus... Parce qu'il y a aussi le vent. Les vents ont changé. On a parlé de la température, on a parlé de la quantité de précipitation mais le vent, ça a changé. Le vent, il y a des endroits, les vents sont plus forts et plus concentrés. Bon, on le voit, il y a des tempêtes, il y a l'anémomètre à l'aiguille du midi, il s'est fait arracher. Donc, il résiste jusqu'à 270 et il s'est fait arracher. Donc, mais ça va être très local à un endroit et... Mais bon, le vent, il faut y faire plus attention. Les régimes météo, les flux changent. Tout devient beaucoup plus incertain et paradoxalement, on accepte de moins en moins cette incertitude. Et on n'a pas tellement... Ils sont en train de se dévoiler, beaucoup d'implicites. Nous, on fait ce travail avec mon ami, mais de toute façon, c'est le travail que tu fais aussi. Les implicites se dévoilent. On sent bien que... Ça, je l'ai vu à l'échelle de ma génération, la pédagogie, parce que la pédagogie, son rôle, c'est de lever, enfin, de mon point de vue, quand même, c'est comme ça, de lever le voile sur des implicites et d'expliquer mieux les choses, donc ça lève le voile. La pédagogie, c'est quelque chose qui avance. On voit, on a de plus en plus accès à la connaissance et des méthodes pour accéder à ces connaissances qui sont de plus en plus performants. Il y a ça aussi, d'ailleurs, quand même. Mais sur la pratique, voilà, donc ça, c'est la neige. La neige, j'ai l'impression que... Alors, moi, je suis biaisé parce que je ski peu. Je ski en famille, on essaie d'aller skier en famille à la journée pour que les enfants, pour le plaisir et qu'ils sachent qui aussi, avec un objectif pédagogique aussi. Mais comme guide, en ski de randonnée, quand je fais sept journées dans une saison, une année, c'est beaucoup. Donc, c'est rien. Là, je travaille avec d'autres guides. Je retravaille à l'école des guides, mais sur le recyclage des guides. D'accord. Donc, on se repose des questions sur tout ça. Le guide moyen, il fait peut-être 60% de ses journées plutôt sur les planches. Si on imagine, c'est comme l'homme de la rue. Si on imagine un guide moyen. Mais quand même, ça dit quelque chose. Et donc, je ne suis pas un bon exemple. Mais la neige, c'est... Donc, je comprends aussi que pour ceux qui sont plus inscrits là-dedans, ça crée plus d'inquiétude. Mais moi, entre guillemets, ce n'est pas mon fond de commerce principal. Moi, c'est la formation, l'alcoolisme traditionnel. Oui. Montée des tas de caillasses. Et donc, pour le dire
à l'inverse comme ça, très rapidement, ce que je ne mesure pas, c'est que tant qu'il y aura des gens qui auront envie de monter sur des tas de caillasses, nous, en tant que guide, on aura notre place pour répondre à cette envie. Il y en a qui iront tout seuls, des aventuriers, qui sont d'ailleurs critiqués, pas par nous. Dans les médias, le premier truc, on dit, ces gens qui font n'importe quoi, qui vont en montagne en short. Mais là, il y a tout un rapport à la vision qu'on a de la société, une phrase, qui est très lourde aux conséquences. Très, très lourde. Et là où moi, je suis un peu plus impacté, c'est sur ce qui est cascade de glace. Oui. Oui, c'est glace et mixte. Oui, mais même la cascade de glace. Parce que le mixte, ça va être encore plus compliqué, je vais y venir. Mais la cascade de glace, là, on est assez proche de la neige, on résistait, mais nous, dans notre massif, c'est vrai qu'à Saint-Dame à ce selvage, le Valon Dialogue, on avait deux cascades de glace. Quand on a commencé notre bureau des guides il y a un peu plus de 15 ans, je crois que c'était en 2008, 2008-2009, ça avait été des gros hivers. Donc là, c'était fat, il y avait de la glace de partout, de la neige de partout, c'était super. En plus, alors maintenant, il y a d'autres leviers, mais pendant longtemps, hiver à neige, la clientèle, pouf ! Nous, les demandes, ça explose. Les gens avaient envie d'aller en montagne, ils ressentaient le besoin d'être accompagnés avec un guide, ça crée tout de suite un engouement. Mais, l'hiver dernier, zéro glace. On n'a pas pu faire passer un seul client. Ils ne se sont pas formés du tout. Voilà, à peine, mais pas suffisamment pour qu'on puisse les grimper. J'ai alors mort. Donc ça, c'est vrai que, là, moi, ça m'impacte directement. Oui, parce que c'est dans ma relation concrète à le fait de travailler d'amener des gens, mais simplement aussi de pratiquant, que j'aime ça aussi, de grimper la glace, je dis, ah ouais, les verres sans glace. Et donc, sur ces deux activités, la neige et la glace, la cascade de glace, vraiment en fond de vallée, là, oui, il faut être opportuniste et être prêt à faire les kilomètres. Alors, opportuniste, c'est chacun qui gère sa vie personnelle, professionnelle, familiale, mais après, par contre, se déplacer, là, il y a tout le questionnement qui reste personnel aussi, mais comment on y répond par rapport à tous les enjeux environnementaux et son bilan carbone. Et, ou alors, accepter de voyager plus en mobilité douce, mais, tu as une perte d'efficacité, c'est pour ça que ça marche si bien, donc tu vas être moins rapidement sur ton truc, si vraiment, il faut y être vite, et, et ça va te prendre plus de temps. Et alors, après, alors, le mixte, alors le mixte,
là, c'est beaucoup, beaucoup plus compliqué et à mon avis, il y a un regard beaucoup moins dark à avoir, parce que, déjà, on n'a pas bien compris l'alchimie, comment, comment le, c'est pas la même, du tout la même formation au sens physique. La cascade de glace en fond de vallée, c'est de l'écoulement de l'eau, du froid, ça gèle. En montagne, c'est pas ça. Il y a beaucoup plus de paramètres. L'eau, il n'y a pas d'eau qui coule. En fait, c'est de la neige à une certaine température. Donc, il ne faut pas qu'elle soit trop froide, sinon elle ne colle pas. Si elle est trop chaude, c'est trop de l'eau, ça ne va pas marcher. Et surtout, il y a en plus la température qu'il va faire derrière, qui va faire que ça va coller et après rester et former ce qu'on appelle des plaquages. Et des endroits où il y a plus d'écoulement, à force, ça va former de la glace. Et peut-être, s'il fait chaud, ça va peut-être un peu couler, mais s'il fait chaud, que ça coule, ça a plutôt tendance à détruire en montagne. Mais par contre, s'il fait trop froid, ça ne marche pas. Donc, la chaleur, elle va aider à faire une espèce de pâte de neige qui colle et après, c'est de l'écoulement, c'est ça qui va nous former les plaquages. Et le vent est très destructeur avec des effets de sublimation que moi, je n'ai pas bien compris. Je ne sais pas si des gens les ont bien compris. En tout cas, le résultat, ça, je le connais. C'est que le vent, il va tout défoncer. Et quand on a dit ça, comme il y a des phénomènes climatiques qui changent, qu'il y a quand même des coups de froid qui sont courts, parce que ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus de froid. Des fois, il va y avoir un coup de froid. Eh bien, on a des phénomènes de plaquage, de lignes qui n'existaient pas, qui apparaissent ou qui existaient vraiment très rarement et qui sont localisés à un endroit, à un autre. Mais on est presque sûr, on est assez stabilisé encore, mais peut-être cet hiver, ça ne va pas se passer comme ça, que cet hiver, il va y avoir des plaquages à l'échelle de notre massif là. Là, c'est plus à une échelle des Alpes. Peut-être pas jusque dans les Dolomites, mais déjà en allant assez loin, vers le lac majeur où là, il y a le Pisbadil, où il y a eu des plaquages complètement improbables qui se sont formés il y a quoi, il y a cinq ans je crois. Des trucs de malades qui ont été gravis. En tout cas, on n'avait jamais entendu parler de machins comme ça. Mais là, la Cougourde, c'est 2014-2017, il y a Antoine Roll qui a été très très bon, mais il n'était pas tout seul, mais c'est lui qui était le penseur du truc. Il a gravi, alors pas entièrement en plaquage, il y avait un peu de dry-to-ling, parce que c'est lié à l'évolution des pratiques aussi. Le matériel plus performant qui a pu faire évoluer les pratiques, enfin voilà, on ne sait jamais si c'est la pouffe qui fait l'œuf qui fait la poule, mais ça permet d'envisager des lignes que les alpinistes des générations d'avant, ils n'envisagaient pas. Ils avaient plutôt tendance à l'éviter la neige et la glace. Ils n'avaient pas les outils à dos. Alors que maintenant, c'est plus dur finalement de faire, quand il fait froid, de l'alpinisme purement rocheux que la glace, c'est incertain, ça reste plus dangereux. Par contre, au niveau de la technicité pour la grimper, c'est plutôt presque plus facile. Et donc, il y a tout ça qui se mêle toujours. Mais le mixte, un regard complètement dark sur le mixte en montagne, ça, de mon point de vue, c'est encore faux. Peut-être que ce sera vrai dans quelques temps, mais on n'est pas là encore. Et ça, comment dire, les conditions pour des grandes voies de mixte, par exemple, elles ont toujours été complexes à trouver ou à... C'est vrai que, voilà, le regard dark... Des images sur les droites, par contre. Oui, le regard dark, il peut être comme ça. Sur les Jorasses, on les aime moins souvent, quand même. Oui. On les aime moins souvent. Mais si on est prêt à bouger et qu'on n'est pas concentré sur une montagne, il va se passer quelque chose sur une montagne. Oui, oui. Il va se passer quelque chose sur d'autres montagnes.
Oui, c'est plus relatif. C'est plus restreint, oui. Oui, OK. C'est plus restreint et plus relatif. Voilà. Et il y a quand même une dégradation. Oui. Mais il est nuancé. On peut encore faire des choses. Aussi, et comme tu le dis, et ça, c'est très intéressant parce que le matériel le permet aussi. Voilà. Ça, c'est fou, quoi. Et au niveau de la créativité, si on reste, c'est ça que je veux dire. Alors, quand je le dis comme ça, effectivement, que le regard d'arc, il est faux, c'est trop fort. Je me trompe en disant ça. Mais parce que ce que je veux dire, c'est ce qui est important, c'est que si à l'inverse, on reste prisonnier de ce regard d'arc, on ne va pas vers la créativité. Et alors que si on pose un regard créatif et les gens, comme voilà, j'ai cité Antoine Rôle, parce que moi, ça, c'est un truc que je guettais. Quand j'avais été objecteur de conscience au CAF de Nice en 93, 94, 95, au lieu de faire 12 mois, c'était 24 mois. C'était étalé sur ces trois années-là. J'allais faire des travaux d'intérêt généraux avec le gardien qui avait construit le reflux. C'était Paul Martin qui est mort il y a plus de 100 ans. À l'époque, il avait presque 80 ans, plus de 75 ans. Il avait une patate de folie. Comme lui, il avait construit le refuge, qu'il avait été garde au Enef pendant l'année, un grand passionné de montagne, un peu grimpeur alpiniste, mais surtout un grand passionné de nature, mais à observer la nature. Et j'avais demandé déjà à l'époque, il y a 30 ans. J'avais demandé mais tu l'as vu des fois la face là ? Parce que le mix, ça avait commencé. Il y avait même une génération en moi, ici, Béraud et Jean Gounan, qui faisaient déjà du mix dans le Mercantour. Enfin, ailleurs, en Écosse, tout ça, ça avait commencé bien avant. Et j'avais demandé, il m'a dit non, je ne crois pas. Je ne crois pas. Je crois, oui. Ou soit ça avait échappé, parce que les choses sont liées aussi au regard qu'on porte dessus. Des fois, elles y sont mais on ne les voit pas. Et après, moi, je suis des fois un peu trop là-dedans, donc j'ai tendance à minimiser le discours d'arc et c'est vrai que les choses changent quand même et les trucs qu'on ne peut plus faire de la même manière. mais voilà, c'est d'aller aussi vers de la créativité et je pense qu'il y a encore des choses à inventer. Sinon, on pique le bagage et on fait autre chose. C'est ça. Mais c'est vrai que même par rapport l'évolution des pratiques et l'évolution du matériel, enfin, une évolution technique en fait, presque technologique par moment, ça, c'est fou à quel point ça a pu inventer aussi, moi, j'aime bien parler d'esthétique, mais de nouvelles esthétiques, tu vois. Ah, complètement. Que ce soit, enfin, oui, ce serait-ce que l'escalade en dalle. C'est tout l'intérêt de ton travail, c'est de valoriser les aspects créatifs, recherches esthétiques et c'est génial. Oui, vraiment, ça me passionne. Et ça me fait penser aussi à un truc, c'est... Ah oui, quand tu disais... Attends, j'ai l'impression que ça s'est coupé. Ah non. Parce que là, en plus, on est... On est, comment dire... On est aveuglé quand même par ce qui brille. Et ce qui brille, c'est la performance. La performance technique. Mais, et sur ce, il a tendance, sauf pour ceux qui le comprennent, qui essaient d'être dans ces démarches-là, et ça a tendance à écraser la dimension créatrice. Oui, c'est clair. Et ça, voilà, c'est là où je... Enfin, ce que j'avais en tête, c'est que il y a aussi tout un imaginaire de la montagne, qui est quand même... Enfin, qui date presque de... Tu vois, des premiers Anglais qui sont venus à Chamonix, par exemple, qui est celui de... Enfin, dans le... Moi, j'avais beaucoup étudié l'iconographie des Alpes. Tu vois, les représentations classiques et romantiques, par exemple, ont toujours, quelque part, une place dans un imaginaire collectif sur la montagne. Tu vois, c'est-à-dire que ce mythe du héros romantique qui va en montagne et qui se surpasse et qui, tu vois, en fait, arrive à être suffisamment fort dans une nature qui est aussi très forte. Ce truc-là, enfin, est un peu, comment dire, en train d'être déconstruit parce que, déjà, les montagnes…
Enfin, avec le permafrost, sont moins liées à la représentation d'éléments immuables comme ça qui persistent au fur et à mesure du temps et tout. Et enfin, cet imaginaire de la ruine, probable que peut être la montagne, figurait aussi dans les représentations romantiques. Ah oui. Et enfin, bref, c'est un peu comme si, tu vois, il y avait toujours dans le tourisme, une partie du tourisme aujourd'hui, une image comme ça, tu vois, qui reste du grand glacier, de la grande montagne et de l'homme qui est aussi assez fort et performant pour pouvoir aller en haut, tu vois. Oui, ça me semble tout à fait exact. Oui, et ça, c'est drôle parce que, parce qu'en fait, ce truc-là, enfin, moi, j'ai l'impression qu'il devrait être déconstruit depuis longtemps, quelque part, tu vois, que ce soit dans la manière de se figurer et l'environnement de montagne et la présence humaine en montagne et que finalement, ça va presque se faire par la force des choses, tu vois. Et j'ai l'impression que c'est ce que fait Inokstag ? Oui, un petit peu. Ah oui ? Oui, il fait face à ça, en tout cas. Ah ben, en tout cas, lui, parce que pour moi, le courant romantique, au-delà de la relation à la montagne et à l'alpinisme, c'est un courant, c'est l'exerciration du moi et donc de l'individu. Et Inokstag, dans ce sens-là, il fait le cheminement exactement inverse. Lui, il va en montagne, alors toujours pour une expérience, ça, c'est commun. Oui. Et c'est pour ça qu'à un moment, tu as utilisé le mot de collectif et j'ai besoin de le repréciser un peu, c'est l'imaginaire qui reste collectif. Oui, mais la recherche, elle est très individuelle. dans le romantisme. Et là, lui, il est dans une... Il va vivre une expérience en montagne pour se transformer, visiblement, parce que ça, c'est un autre mot important pour moi. Et ensuite, il le ramène dans le collectif. Oui, oui, oui. Sortez de vos tablettes, allez vivre des expériences dans la nature, en montagne, allez vivre des expériences tout court pour vivre et vous transformer. et là, effectivement, dans ce sens-là, moi, je dirais qu'il est très important dans ce processus de déconstruction. Ça, c'est clair, oui. Avec, c'est pour ça que je posais bien des dimensions positives et des dimensions négatives. Enfin, c'est un jugement de valeur parce que moi, je ne me suis pas inscrit comme alpiniste dans ce qu'il a fait, ça ne m'intéresse pas du tout. Mais par contre, je suis, contrairement à d'autres, très, très respectueux de la démarche dans laquelle il s'inscrit et tu as suivi les polémiques et la nécessité. Moi, j'ai trouvé ça bien aussi. Parce qu'il va chercher autre chose. Et j'avais peur pour le coup, quand j'ai appris la sortie du film et tout ça, que justement, ça reste dans une forme hyper stéréotypée de performance. Voilà. Ah oui. Là, c'était bidon. Là, pour le coup, c'est le mauvais jeu de cas de dynamique qui ramène à ses subordonnés et à regarder, je suis le meilleur. Il y a une rupture totale avec ça. C'est ça. Et c'est pour ça que ton travail, je comprends de mieux en mieux ce que tu fais, c'est la relation entre le fond et la forme. La forme est très prégnante et très importante. Oui, oui. C'est ça. Tu sais, celle qui a beaucoup travaillé sur ces histoires-là, en termes plus philosophiques, c'est Barbara Cassin. OK. Grande... Elle est à l'académie française. Oui, je vois. Elle est une philosophe philologue. Moi, je l'ai juste entendue. Je ne l'ai pas lue. Elle a été importante pour moi. Justement, parce que moi, j'étais trop construit par le fond. Et ça a commencé à se fissurer en moi depuis un moment. Et elle, elle a été importante. Là, j'ai vraiment entendu ce qu'elle a dit sur le sophisme, sur le rapport entre Platon et le sophisme, la structure, la forme. et voilà. Après, là où, pour moi, j'ai deux désaccords... Enfin, désaccords. Il y a deux choses qui me gênent. C'est que je sens un peu trop son point de vue politique. Ça, je n'aime pas trop. Voilà. C'est plus le domaine du détail. Mais un truc qui m'embête un peu plus, c'est que moi, je suis construit par un grand penseur. Moi, je suis agnostique...
Mais qui, lui, est croyant et a tout un système de pensée autour des religions et du religieux et elle, elle essaie de construire un système de pensée qui est vraiment arreligieux. Et je trouve qu'elle aurait beaucoup à gagner en puissance dans ses constructions intellectuelles, mentales, en s'appuyant sur ses traditions religieuses plutôt qu'en essayant de construire quelque chose de complètement nouveau sans ça. Voilà. C'est mon point de vue sur les limites que je ressens chez Barbara Cassin. Alors, le reste, elle envoie du lourd. Elle envoie du grand de lourd. Le reste, puis là, c'est un puits de science. La meuf, c'est hallucinant. Elle est philologue aussi, tu vois, elle a des capacités d'analyser les textes par mots. Elle a fait des dictionnaires sur les intraduisibles. Elle est connue, elle a un dictionnaire des intraduisibles avec d'autres langues. Voilà, un rapport au monde, à l'ouverture du monde. Ça fait beaucoup la langue aussi. Eh oui. Eh bien oui. Non, mon ami, il a lu, lui, Korsypski, l'ouvrage majeur de la sémantique générale en 1937. Voilà, bon, c'est sur la sémantique, c'est pas, mais voilà, sur la représentation entre la carte n'est pas le territoire. On est moins allé sur, il a dû aller voir un peu quand même, mais sur Chomsky, sur les gens comme ça. mais Chomsky, ça me fait pareil que Barbara Cassin. Oui. Le point de vue politique, à un moment, il va trop loin pour moi. Oui, oui, oui. Mais c'est mon point de vue de la façon dont je sens les choses. Et il y a d'autres copains qui sont fables, justement, au contraire, parce que c'est un peu ce que tu disais aussi par rapport à Ludo Hanel, c'est qu'il, voilà, lui, au moins, il va au bout. Oui, oui. Et ça te plaît. Voilà. Bourdieu faisait ça aussi. Mais ça me gênait moins chez Bourdieu, parce que Bourdieu, c'était, comment dire, Bourdieu, parce qu'il s'est des débats qui ont traversé le Covid, qui traversent encore maintenant sur la science, comment est-ce qu'ils investissent la parole publique. Oui, c'est ça, quoi. Et Bourdieu disait, c'est mon devoir de l'investir, mais, je ne sais pas, il avait une façon de le faire par rapport à Chomsky qui me semblait moins partisane et c'est peut-être que c'est moi qui ai changé entre... Et puis, c'est presque des époques différentes. Ah oui, oui, complètement. Enfin, tu vois, les post-modernes, c'était... Enfin, je pense qu'il y avait plus d'enjeux à vraiment exprimer la politique à ce moment-là. Aussi, pour la philosophie. C'était plus simple parce que c'était plus clivé aussi. Il y avait les... Soit tu étais de gauche, il y avait les bons... Enfin, les méchants de droite, soit tu étais de droite et il y avait les fainéants de gauche. Ça existe encore un peu, mais avec plus de... C'est plus entremêlé. Oui, oui. Non, c'est drôle. Et tu disais, transformer, c'est aussi... Ah oui, transformer, ça, c'est... Ça, c'est le... C'est le cheminement. C'est le fait d'être sur le chemin. Nous, c'est Olivier qui m'a éclairé là-dessus. C'est des choses que je vivais, que j'avais ressenties, mais lui, il a réussi à vraiment réfléchir là-dessus. Pour éclairer encore et être simplifié, parfois même à outrance, c'est qu'il y a... Nous, on voit deux chemins différents. Qui est, un, la voie de l'hédonisme, du plaisir immédiat, et qui sont très, très structurantes pour nous aussi. Et la voie de l'aboutissement. Bon, il y a un mot technique qui s'appelle le démonisme, mais voilà, la voie de l'aboutissement. Et qui est plus la voie des guerriers. Le guerrier au sens chez les musulmans, du djihad, mais ce qu'ils appellent, enfin, après, ils sont obligés à appeler le grand djihad, qui est le grand effort sur soi. Qui est une recherche de, finalement, de transformation de son égo, de son être profond. Et qui n'est pas le... Enfin, ceux qui sont, les musulmans qui sont là-dedans, qui n'est pas le petit djihad terroriste, qui est au contraire, qui est l'inverse. Et qui est de chercher des causes extérieures aux problèmes, alors qu'il y a beaucoup de problèmes qui viennent des causes intérieures. Voilà, c'est tout le rapport à l'égo. Et donc, la loi des guerriers, dans les grandes traditions, on la retrouve aussi pas mal dans le Tao Te Ching, dans le Tao Te Ching de Lao Tzu, le philosophe chinois, et qui est... Elle y est dedans. Qui est le livre, le Tao Te Ching, c'est le livre de la voie et de la vertu. Il y a quand même une histoire de cheminement, comment on avance. Et en fait, la loi des guerriers, c'est comment... En fait, la question, même pour les deux, c'est comment on supporte le réel. Il y en a une qui va être plus par la souffrance, qui est aussi la loi des latins, des chrétiens. Alors, la souffrance dans le sens, étymologiquement, de supporter. On l'entend très bien dans la langue française quand on dit cette personne, je ne peux plus la souffrir. Je ne peux plus la supporter. Il y a cette dimension dans la souffrance qui n'est pas que la douleur, qui est la façon de supporter le réel. Avec une capacité à accepter, pour le coup, quand même plus de douleur parce qu'il y a une logique d'un cheminement vers quelque chose qu'on sait ou qu'on ne sait pas, mais d'aller vers un objectif. Et cet objectif, c'est, en ayant pris le recul dessus, c'est la transformation. C'est de se transformer son ego, de se transformer.
Alors que, dans la voie hédonique du plaisir immédiat, il y a moins ce souci de transformation. Oui. Il y a de profiter de l'instant présent. Toujours profiter de l'instant présent. Voilà. C'est parce que, moi je le dis comme ça aussi parce que je suis plus construit par l'autre. Mais il y a sans doute des processus de transformation qui sont dans la voie hédonique mais qui m'échappent plus. Voilà. Et en alpinisme, enfin en montagne, pour aller jusqu'au bout, tout ce qui est du domaine de la voie hédonique sont plus liés aux activités de glisse. C'est très clairement que c'est comme ça qu'on voit. Et tout ce qui est du domaine de l'aboutissement plus lié à l'histoire de l'alpinisme traditionnel ou... Oui. Voilà. Tout ce genre de choses avec plus de... Ouais. ça s'inscrit plus aussi peut-être dans la durée mais ça c'est pas forcément vrai. Ouais. Pas toujours. Et... OK. Et du coup, la montagne, enfin l'alpinisme en tout cas, c'est un moyen... En tout cas, les processus de transformation sont quand même associés à la durée. C'est pour ça que tu vois, tout de suite j'ai relevé waouh, d'où ça sort... Après je voulais pas t'embêter avec ça au début là. Mais où ça sort, après c'est marqué espace-temps parce qu'on travaille beaucoup là-dessus. Voilà. Il y a une... Voilà. Il y a différents... Voilà. Tout ça, c'est traversé l'analytique, les voies, c'est tout traversé par des notions d'espace-temps et... Et... Et des fois c'est plus... Mais moi je chemine là. C'est pas encore complètement clair. Faut vraiment que je me pose pour réfléchir et mettre les choses dans l'ordre. Quelles sont les... La voie qui va être plus associée à un moment à l'espace, au temps. Ouais. C'est... Voilà. Comment ça s'articule tout ça. Là je suis en cheminement. Est-ce que... Ouais c'est fou. Est-ce que... Tu penses à ça en étant en montagne ? Ou tu penses... Alors ça dépend du rôle dans lequel je suis. En tant qu'alpiniste ? Oui, oui, oui. Bah j'y suis de moins en moins en tant qu'alpiniste. Ouais. Parce que de la montagne tout seul avec mes copains, c'est-à-dire un alter ego, globalement j'en fais plus. Oui. J'ai pétri de bonnes intentions à me dire je vais en refaire et tout mais dans d'autres cheminements le temps... Les temps qui sont très importants pour moi en ce moment, c'est... Alors notre fille elle est encore petite mais nous notre aîné, c'est de... Entre guillemets de... Enfin, je veux dire plutôt comme ça, c'est de finir à... sa construction. Ouais, ouais. Voilà. De finir ça... Ça c'est important et d'être disponible pour lui pour qu'il rentre dans la vie avec les meilleurs outils possibles. Ça c'est le truc principal. L'autre truc qui est super important c'est ce projet de livre qu'ont dit mon ami depuis... Ça fait 7 ans. Là on est en train de finaliser à... Enfin plus ou moins dernier manuscrit. Il y en aura peut-être d'autres à voir si on trouve un éditeur. Ça c'est les projets. Le reste... Bon. Enfin après... Avec ma femme on est ensemble depuis 28 ans. Donc ça c'est très important mais ça c'est une espèce de socle. Voilà. Je ne voudrais pas le dire ni même le penser comme ça mais c'est ça la réalité et au-dessus il y a des projets qui se construisent. Et donc... Donc voilà. Donc je n'arrive pas à aller en montagne avec des amis. Est-ce que finalement au fond de moi j'ai envie mais j'ai certainement beaucoup moins envie quand j'étais à me construire grâce à la montagne à ce moyen comme tu l'as justement relevé il y a voilà X années maintenant et quand je suis en montagne avec des stagiaires qui sont très bons des fois ça m'arrive avec un copain oui disons que je suis complètement différent parce que quand j'ai commencé que je me construisais je ne voyais rien d'autre que l'objectif qui était toujours de faire le plus dur possible par rapport à mon niveau j'étais quand même assez rapidement dans une dynamique de cordée dans la dynamique de ma cordée très individualiste mais quand même dans une dynamique de cordée il n'y avait que ça qui comptait le reste je ne le voyais pas je le vois quand je fais des expéditions là on était au Pérou ce printemps c'est la quatrième fois que j'y vais je ne voyais rien les gens avec quelques personnes j'avais des bonnes interactions je me rappelle bien quelques trucs mais globalement je ne voyais rien rien rien je ne savais pas où elle était la cordière mais rien à foutre j'avais la voie la plus dure qu'on voulait faire par rapport à ce qu'on pouvait faire basta j'y allais deux fois de suite par rapport à la rater on est retourné je ne comprenais rien mort de rire je regarde les autres montagnes je regarde on a écrit un livre de randonnée donc la montagne je la vois on a écrit un livre de randonnée donc je la vois complètement différemment donc je suis différent aussi mais est-ce que est-ce que je me sers de ces outils là à ce moment là je ne sais pas te dire par contre quand je suis comme hier avec ma stagiaire parce que les autres ont un peu refusé finalement ce que j'ai proposé et que j'avais beaucoup donné la veille je suis concentré sur ça et puis les autres se sont vus avec ma collègue mais là je vois là je le vois là je vois très bien pourquoi elle refuse pourquoi moi j'en fais pas plus parce que c'est mon ego qui le prend mal parce que je n'ai pas l'énergie par tout un tas de raisons plus ou moins bonnes plus ou moins mauvaises parce que je n'ai pas le temps parce que voilà mais il y a aussi mon ego qui réagit mal tout ça je le vois très clairement maintenant et je vois elles comment elles sont limitées par leurs égaux et voilà et comment quand j'étais dans la phase avant que c'était moins clair comme une grande gueule un connard j'allais taper dans les murs et ça marchait jamais mais jamais jamais je ne crois pas que ça ait marché une seule fois donc maintenant je bascule plus dans le mutisme et j'espère grandir et trouver une voie des moyens d'arriver à dire les choses sans taper dans le mur.
ouvrir les consciences et puis surtout le ouai aussi laisser faire parce que je n'y arrive pas quoi il y en a certain là c'est des filles mais c'est pareil des gars il y a d'autres difficultés il y a des particularités entre les hommes et les femmes alors c'est ne pas dire ça comme ça entre nous voilà ça va on peut le dire mais après c'est des sujets qui sont compliqués je comprends aussi pourquoi ils sont compliqués et c'est légitime que ceux qui trouvent voilà que ça heurte mais ouais ouais tout ça c'est donc comment j'utilise ça quand je grimpe c'est peut-être pas forcément présent non non non enfin ce qui est présent c'est que je suis je suis le produit enfin on est tous le produit d'une histoire je suis le produit d'une expérience cette expérience me construit et donc je vois je réalise les choses différemment mais je pense que c'est ouais je veux dire la transformation dont tu parles je pense qu'elle est aussi effectivement sur la prise de risque si tu veux dire peut-être oui et je pense vraiment au-delà de l'individualité parce que ah oui t'es dans le partage aussi en tant que guide avec les formations oui j'ai beaucoup plus conscience du fait qu'on est beaucoup plus interconnecté en relation avec voilà ça j'ai commencé à le comprendre depuis très longtemps mais ce que je savais pas faire c'est comment c'est ce que tu fais c'est ce que nous on fait avec Olivier et ce qu'on fait c'est de le ramener dans le monde oui c'est ça qu'on fait oui c'est de ramener la part créative la part la part artistique comment ça s'articule avec la part normative la part normée de la société et comment on arrive à dire quelque chose si on arrive à dire quelque chose de le partager c'est de le ramener dans le monde c'est ce cheminement et ça c'est génial c'est ça qui m'habite c'est ça qui m'habite mais je pense ça m'habitait depuis très longtemps mais sauf que il fallait déjà que je me construise j'étais pas du tout outillé ni intellectuellement ni voilà et du coup c'est un livre sur lequel vous travaillez avec Olivier il s'appelle Olivier Morisot alors lui il est en dehors de tout champ académique maintenant on est de la même génération lui au niveau scientifique sa légitimité académique scientifique il a une thèse à l'école des mines Paris en thermodynamique ok qui je pense c'est une bonne thèse et après il a travaillé dans l'industrie voilà donc lui c'est son processus c'est le travail alors lui pour le coup moi ça va être quelque chose bon il faut qu'on arrive à le finir quand même mais ça va être quelque chose de très important dans ma vie c'est déjà quelque chose de très important dans ma vie mais si on aboutit le livre bon après peut-être pas tant c'est comme tu as dit très justement on avait ce même questionnement par rapport à notre livre de randonnée c'est la forme finale l'objet final ce terme là c'était vraiment le mot qui ressortait c'est l'objet voilà qu'est-ce qui va sortir est-ce que ça va être ma thèse ça va être simplement une visioconférence voilà un objet un peu plus concret voilà il y a tous je m'avais très très bien le truc et donc oui mais quand même d'arriver à sortir un livre un objet on est là-dedans après finalement peut-être dans 10 ans on se dira bon ben voilà ce qui est le plus important c'est tout le cheminement qui nous a permis d'arriver là puis-ce que l'objet final l'objet bon il flatte un peu on peut le mettre dans l'armoire les compas qui viennent voilà on a fait ça voilà et mais et donc je ne sais plus ce que je voulais dire là-dessus et et voilà lui il est en dehors de tout champ académique ce qui pose des difficultés il y a eu plein plein de phases de travail ça a commencé gentiment je ne comprenais pas du tout lui je pense qu'il ne savait pas c'est pour ça c'est toujours la notion du pourquoi et du quoi quand il a commencé je ne sais pas s'il avait une image d'un pourquoi très clair mais peut-être que lui il est plus dans le pourquoi que moi certainement et moi mon cheminement il passe beaucoup par le quoi c'est lui qui m'a il m'a parlé de ses quatre cases je ne sais plus où il avait trouvé ça voilà le quoi le qui, le comment qui peuvent s'intervertir un peu et le pourquoi moi c'est quand j'ai brassé un peu les trois premiers que j'arrive plus à définir un petit pourquoi puis des fois des pourquoi de plus en plus grands de plus en plus vastes voilà parce que le pourquoi il n'est pas zéro ou un non plus il y a des gradations dans les pourquoi le pourquoi du pourquoi et et et et voilà.
et donc ça pose une difficulté là enfin à un stade du fait qu'il ne soit pas dans la dimension académique c'est de rentrer en en contact avec des gens moi je l'ai beaucoup poussé à faire ça donc on a eu quelques personnes notamment il y a des mais c'est assez récent encore il y a deux mathématiciens une mathématicienne du feu de Dieu qui a répondu un mathématicien bon moins de dimension mondiale que que elle mais lui c'est du genre outsider bien planqué j'ai l'impression il a bien bien compris deux trois trucs et et des physiciens il a eu un contact et même un échange avec un super physicien mais qui est pareil toujours dans avec le monde analytique on est en butée totale ça marche jamais mais la butée grave et puis alors il a eu des très très mauvaises réactions un coup avec un un un un astronome un astronome un astrophysicien le mec qui est d'origine italienne et il travaille au laboratoire de Nice pour ça on m'a mis sur sa piste un copain voilà il m'a dit il avait mangé une fracule donc on l'a contacté la façon dont il a contacté Olivier ça a été son choix de mon point de vue c'était mauvais il était trop trop masqué la réponse du gars un peu en en abus d'autorité pas encore mais quand même pas bonne et alors la réponse d'Olivier on s'est limite pris la tête parce qu'on a passé deux heures à l'expliquer au début il ne voulait pas répondre donc il fallait qu'il reste son idée de ne pas répondre à ce moment-là il m'expliquait qu'il fallait mettre des formes qu'il se mette dans sa roue et il a fait une réponse il a détruit donc le mec il n'a jamais répondu ça ne savait strictement rien après ça a permis d'en reparler avec Olivier et il a bien compris j'espère que la prochaine fois parce que tu vois le truc j'essaie de le préparer à ça aussi parce que j'ai de l'avance là-dessus du fait que j'ai depuis longtemps beaucoup raconté mes trucs de montagne et que je suis parti de très bas très mauvais c'est pas que je sois très bon mais je suis parti tellement bas que je suis moins mauvais et et tout ce chumillon je le vois par rapport à l'ego quand il y a des questions qui te déstabilisent et bien tu réponds de façon heurtée en les rejetant oui mais en fait il faut arriver à retourner le problème comme beaucoup de questions de façon plus globale et se dire mais en fait qu'est-ce qu'il dit pourquoi et en fait tout ça c'est d'où d'où d'où il parle d'où il parle et qu'est-ce que je dois dire pour répondre et peut-être dans son d'où il parle même si ça me heurte il y a quand même peut-être quelque chose d'intéressant intellectuellement c'est très bien c'est lui-même lui qui m'a expliqué tout ça Olivier mais là il n'a pas réussi il n'y a pas si longtemps il n'a pas réussi du tout alors qu'on avait deux ans d'entraînement il répondait par internet il y avait tout le temps la réponse je dis mais qu'est-ce que t'as fait c'est complètement taré j'ai pas supporté l'abus d'autorité d'accord la réaction d'ego c'était sur la question précise c'est une question qui va faire problème qui va poser de gros problèmes de toute façon parce que là c'est une question très concrète de physique dans le travail qui conduit qui est la rotation synchrone de la lune la lune elle tourne autour de la terre c'est la révolution tu t'y connais dans l'astronomie un petit peu c'est bien parce que moi j'y comprends rien j'ai eu le temps à comprendre et en fait lui ce qu'il dit c'est que ce qu'on apprend à l'école c'est qu'a pris ma fille qui est au CM2 la rotation synchrone c'est faux c'est vrai si on reste dans une vision complètement euclidienne et qu'on n'a pas accepté la relativité générale qui courbe l'espace-temps et que si l'espace-temps il est courbé elle n'a pas besoin de tourner sur elle-même elle va tout droit en tournant ah oui oui ok voilà mais sur ce il sait tellement enfin le mec il n'a pas répondu mais il a fait tellement un mail assassin qu'il n'a même pas pu avoir de débat il lui a expliqué le fond de sa pensée enfin si il l'a expliqué mais le gars il n'a plus répondu parce qu'il avait perdu la réponse elle était tellement il lui a dit des trucs du genre mais alors les astrophysiciens vous en êtes encore là vous n'avez pas intégré le mec je vois bien il a tous ses voyants il a dit mais qu'est-ce qu'il me dit celui-là il est complètement con lui il est complètement con et voilà donc comme ça on a cette difficulté avec le monde académique mais là le physicien et qu'il a vachement aidé à comprendre d'autres trucs de physique enfin les comprendre plus en profondeur et parce que tout ce rapport à l'implicite par exemple si on vient sur la physique quantique il y a un congrès il y a des congrès solvés alors c'est très rigolo parce que toutes ces histoires ça tourne vachement autour de la montagne parce que par exemple Horace Bénédicte de Saussure qui a donné la prime qui a fait que Balma et Paca ont gravi le Mont Blanc sans doute pour des motivations personnelles mais aussi pour la thune et surtout sans doute peut-être celui qui est le guide Balma et oui c'était pour des expressions c'était scientifique c'était pour des affaires de pression et donc c'est vrai que pour Olivier dès qu'il y a des histoires de pression la thermodynamique elle est plus très loin t'as déjà fait un pas voilà et là Solvay quand on gravit le servin par la voie normale suisse la radio en lit il a la cabane Solvay c'est le même Solvay qui était un mécène belge comme ça existe totalement maintenant ici il y a un peu des fois Gates qui fait des trucs mais il y a si ça existe encore les américains ils font encore un peu il y a Chouinard il a donné toute sa fortune pour l'écologie il y en a qui font un peu et Solvay en fait il a organisé un truc qui est très connu c'est les congrès Solvay où lui c'est lui qui finançait tout et il rassemblait les meilleurs mathématiciens les meilleurs physiciens les meilleurs scientifiques du moment pour organiser ce congrès et donc il y en a eu plein des congrès il y a eu des photos t'as tous les meilleurs joueurs de foot de la physique et des maths du moment.
et en 35 ça en fait ça a été presque le point de départ d'Olivier je crois que c'est 35 il n'y en a pas tous les ans des congrès Solvay c'est le congrès avant la deuxième guerre mondiale là il y a eu un débat très assez voire très houleux entre Niels Bohr d'un côté Heisenberg Niels Bohr d'un côté et Einstein et Schrödinger de l'autre sur la physique quantique est-ce qu'elle était réelle ou non réelle causale ou non causale locale ou non locale et donc c'est finalement c'est Niels Bohr Heisenberg qui ont gagné et qui ont dit que la physique quantique est non réelle c'est à dire que tous les résultats qu'ils produisent n'ont rien à voir avec notre réalité ça c'est vraiment leur postulat leur mantra de départ mais c'est pour ça que l'implicite pour nous il est super important mais ça c'est le postulat actuel mais il est basé sur un choix en fait au début et il y a d'autres physiciens alors là c'est une histoire de fou il y a d'autres physiciens donc il y avait Einstein quand même et Schrödinger voilà c'est quand même des points lourds de l'histoire de la physique mais après il y en a eu d'autres et notamment il y a un certain David Baume aux Etats-Unis qui a tout retravaillé là-dessus et pour partir du point de vue que justement elle pouvait être réelle mais alors qu'elle était peut-être non locale ou non causale ça je ne suis pas assez physicien mais lui il a été complètement ostracisé ça a vraiment été dur c'est-à-dire d'autres temps il aurait été lynché il aurait été lynché et donc il a réussi à rentrer en contact avec un physicien français qui s'appelle Gondran c'est un père un fils là c'est avec le père qu'il a eu un échange téléphonique et eux ils ont écrit un livre qui s'appelle et si Einstein je ne sais plus si c'est Einstein et Schrödinger et si Einstein avait raison je crois que c'est et si Einstein avait raison voilà et donc il parle de toute la physique qui pourrait être imaginée sans partir du postulat posé par ou en ajustant mais pas en restant borné du point de vue complètement analytique en disant que c'est ça la vérité mais on passe notre temps à regarder des conférences sur le sujet encore revu une conférence c'est pour ça que ça m'a interpellé en Suisse parce que des fois ils sont un peu moins bloqués que nous il y a le côté républicain en plus il y a le cadre républicain qui formate encore plus qui produit des choses super mais qui aussi et même en Suisse là c'était qu'est-ce que c'était cette conférence bon peu importe et en tout cas il y avait un physicien qui était peut-être le doyen de la fac de physique de Genève ou en tout cas le chef du département de physique il a dit si ça ne vous convient pas changez d'univers ils refusent vraiment complètement les autres hypothèses c'est récent la conférence peut-être elle n'était pas de là mais au plus elle a quelques années elle est complètement récente elle est post-Covid donc ils en sont encore là et quand on voit voilà le journal Bruno lui il le brûlait à l'époque donc maintenant non je pense que c'est plus il y a plus de ça prend des formes plus symboliques c'est ça c'est très pluriel maintenant tout est moi je pense ça me fait penser c'est cette théorie des multivers d'Aurélien Barraud et tout ça c'est incroyable enfin je capte absolument pas tous les ah mais moi non plus tous les tenants les emboutissants de ces théories là mais c'est ce que je dis c'est qu'Olivier il est sur autre chose sur les multivers mais lui il n'est pas sur une approche expérimentale il est sur une approche il croise des connaissances oui c'est presque une philosophie des sciences voilà c'est ça mais qui rentre dans du dur quand même oui mais c'est souvent oui ça vient de toute façon à partir du moment où tu modèles les concepts différemment ça apporte des nouveaux possibles aussi alors je ne sais pas si tu avais d'autres questions comment j'ai répondu à tes questions la première question c'est comment on projette l'évolution des pratiques oui pour revenir à quelque chose de concret comment on projette mais où ben moi à titre individuel je suis pas inquiet enfin pas plus que ça il y a toujours un petit fond d'inquiétude mais en tout cas ça me parce que tant que et en plus les signaux vont plutôt dans ce sens là les gens ont envie de nature ont envie de de se confronter quand même à de la performance dans la nature pour certains aussi il y en a qui sont sur du contemplatif il y en a qui sont sur plus de la recherche de confrontation de performance donc il y a des montagnes elles ne sont pas il y aura des montagnes pour monter dessus après sur un alpinisme de masse enfin de masse ça n'a jamais été quelque chose vraiment de masse mais c'est vrai que souvent comme la chose se dégrade on peut imaginer que ça que ça se réduise comme ça donc ça peut être une façon de dire que ça va disparaître et donc dans ce cas là si c'est de dire comme ça que ça se réduise on n'en est pas là loin sans faux c'est plutôt le chemin inverse mais ça peut s'effondrer d'un coup quand même mais disparaître complètement ça je le j'arrive pas du tout il faut le concevoir et puis je pense que ça se redéfinira tout le temps de toute façon voilà moi je suis plus beaucoup là là dedans après au niveau de l'angoisse c'est vrai que la capitale mondiale de l'alpinisme pour moi c'est ma réalité c'est Chamonix.
pour les collègues qui vivent au quotidien et qui voient le massif se dégrader ça c'est une réalité que moi je vis pas parce que moi j'y suis de façon très ponctuelle et beaucoup moins qu'avant et je comprends leur désarroi mais moi ce qui m'intéresse de toute façon presque voilà pour le dire comme ça de façon caricaturale c'est presque de nier cette réalité pour imposer ma réalité qui va être de créer le monde qui m'intéresse parce que c'est ça qui m'intéresse moi ouais et puis je pense c'est drôle parce que au début au tout début où j'ai commencé la recherche j'étais parti 15 jours en Bretagne j'étais parti à Ouessant tu sais cette île qui est vraiment Finistère tu sais à une heure en bateau de la pointe de Saint-Mathieu et en fait t'as énormément de roches granitiques tu vois et y'a rien de c'est pas grimpé du tout tu vois mais je me disais ça se prête ça se prêterait vraiment à de la belle escalade sur un granit hyper compact et et c'est vrai que je m'étais enfin j'avais fait un transfert en me disant peut-être que peut-être que on peut aussi imaginer la montagne et l'alpinisme enfin vraiment sérieusement dans des espaces comme ça aussi tu vois et qu'au final enfin c'est la la pratique qui vient à se déplacer aussi et ouais juste une c'est exactement moi je travaille beaucoup là-dessus aussi en fait à un moment donné j'ai presque même sans doute commencé par ça c'est comment on définit l'alpinisme quand même et jusqu'au coup il va et et en fait on en revient au premier mot clé c'est l'incertitude c'est de se confronter à de l'incertitude et c'est pour ça que le slogan Petzl c'est quoi le slogan ? ah il est fabuleux moi je suis pas équipé par Petzl en plus donc c'est access inaccessible c'est dans l'inaccessible l'inaccessible aussi parce qu'il est incertain c'est un peu plus ça découle mais en tout cas il y a une notion d'incertain et la deuxième notion c'est la notion d'inaccessibilité voilà et l'alpinisme contrairement à l'escalade qui est quelque chose qui va être beaucoup plus normé et sécurisé oui donc avec moins d'incertain d'incertain et moins d'inaccessibilité alors ça par contre concrètement dans les deux jours que j'ai passé hier c'est ça mes maîtres mots quand je construis mes séances et que et que en fait moi j'ai jamais réussi à enfin j'ai une partie très égalitaire où je présente les choses de la même manière à tous mes stagiaires mais après une fois que ça c'est fait attention je personnalise et je vais pas m'adresser forcément et proposer les mêmes choses m'adresser surtout proposer les mêmes choses souvent ben il y a le niveau technique mais comment je ressens aussi les gens leur capacité à cheminer d'être un certain c'est inaccessible qui est vraiment l'alpinisme pour moi qu'ils soient en haute montagne ou pas qu'ils soient en Bretagne ou qu'ils soient au Mont Blanc voilà et ou pas ouais et là par contre ça voilà et ce j'essaye j'essaye quand même de leur expliquer de leur dire ce genre de choses et la voie est difficile sans chercher à les culpabiliser et à les détruire et parce qu'en plus il y a une autre difficulté c'est que suivant sur les entre guillemets les boutons sur lesquels on appuie et qu'ils comprennent que pour faire de l'alpinisme ils sont entre guillemets pas dans le bon cheminement mais qu'ils ont encore des choses qu'ils ont mal comprises de leur fonctionnement enfin qu'ils sont encore pas mal comprises qu'ils sont trop présentes dans leur cheminement et que par réaction par rapport à ce qu'on leur dit ils vont dans l'alpinisme oui c'est trop dangereux il y a trop de choses pas intégrées et d'y aller simplement sur une rébellion de quelqu'un qui t'a provoqué et bien ma responsabilité de la mise en danger il y aura et en fait il faudra trop montrer de trucs et il y aura c'est pas bon du tout du tout c'est pas bon du tout du tout il y a cette dimension là aussi oui c'est clair donc j'ai fait très très attention à la façon et des fois je préfère être mutique mal faire mon job de ce point de vue là que de provoquer quelque chose voilà et voilà t'as vraiment une vision très holistique en fait de l'alpinisme quoi ? complètement enfin c'est complètement c'est ouais ouais ça je fais très très attention alors ça effectivement dans tous les cheminons dans lesquels je suis ça concrètement c'est ce qui m'échappait avant je tapais plus dans les murs tu vois je provoquais pas forcément de réaction heureusement comme ça mais ou des réactions de fuite de rejet ils passaient sur leur truc et ils faisaient bien en fait d'une certaine manière ils faisaient bien sans doute ouais ce qui m'embête c'est des fois pour des des outils concrets dans la relation à la matière parce que ça ça se perd aussi enfin ça se perd ça se perd dans le sens où avec la tertiarisation de l'économie on vit dans des espaces complètement normalisés complètement normés où on n'a plus à penser c'est la norme les règlements qui ont pensé pour nous et on n'a plus tellement à se saisir des objets et d'une manière telle que si on le prend mal on va se faire mal la sanction va être immédiate et donc pour moi c'est important de les amener là dessus et ça ils n'ont pas du tout conscience la façon de prendre les rochers et la nature Rousseau c'est très bien certainement mais elle n'est pas forcément gentille c'est pas la question il y a des empoints faibles suivant comment tu utilises les prises comment tu te déplaces comment tu te situes tu te mets sous le grimpeur et ça je pas plus tard qu'hier donc on était plus ou moins de deux groupes on est plus avec ma fille les autres elles étaient restées avec ma collègue là-bas elles ont un incident qui est passé à deux doigts d'un drame en plus fatalité c'est vrai qu'il faut jouer et après la paroi comme ça t'accède comme ça.
et nous on était là avec la fille et eux étaient là-bas il y avait déjà d'autres grimpeurs qui se lançaient sur plusieurs jours en article dans une voie un couple il y avait un peu de passage parce que le couple en fait il était aussi avec une copine qui faisait qu'un bout et après elle repartait et l'après-midi on commençait là il y a deux gars qui passent devant moi donc moi ma fille elle grimpe je l'assurais dans son truc le rocher dégradé bon ça allait j'ai estimé que j'avais pas besoin de l'informer que là où elle était bon c'était déjà sans doute presque quasiment une erreur de ne pas le dire fais gaffe bouge pas il y a des gars qui passent mais les gars quand ils sont passés je les ai trouvés vachement nonchalants tu vois par rapport au fait qu'elles soient au-dessus tranquilles bon on a dit bonjour mais ils n'étaient pas plus ouverts que ça je leur ai pas dit ben faites gaffe là-bas il y a le groupe donc ils vont là-bas ils s'installent gentiment au pied d'une voie des filles qui grimpaient en plusieurs longueurs et là évidemment enfin évidemment parce que maintenant c'était pas obligé que ça se passe comme ça mais il y a une fille en seconde dans une longueur qui met le pied sur un bloc et un bloc comme ça qui tombe et qui est tombé juste à côté des gars cette même fille qui fait tomber le bloc bon il se passe rien en fait enfin il se passe cet incident mais il se passe rien concrètement il n'y a pas de blessés il n'y a rien elles descendent elles finissent avant nous parce qu'elles étaient moins investies en activité voilà et donc elles traînent vers nous elle va regarder ce qu'elle faisait l'autre et celle qui avait fait tomber le bloc elle attend pendant deux minutes comme ça sous l'autre à regarder et j'ai fait exprès de rien lui dire parce que pareil je me suis dit bon là c'est dégradé mais j'espère que s'il y a des trucs qui tombent ça va pas être plus gros que disons ça et qu'elle le comprenne d'elle-même mais bon elle est partie j'ai pas besoin de lui dire mais c'est très très délicat et tu penses pas qu'elle l'a capté quoi bah peut-être quand elle est partie elle a capté mais j'en ai pas à vous parler elles sont ouais je crois qu'elles avaient encore le cas elles sont son souci le premier truc qu'elle avait demandé c'est et en perturbant justement parce que là il fallait qu'elle se bouge elle voulait encore faire une voix et l'après-midi elle a commencé à tourner et on avait fini à retard en perturbant l'autre qui allait grimper c'est est-ce qu'il y a un relais est-ce que voilà il fallait des trucs des trucs des trucs tangibles et là où on se comprend pas c'est que la veille on avait fait de l'artif en plus celle-là elle m'avait demandé j'avais du matos pour planter un spit un tamponoir voilà elle a besoin et c'est ma collègue qui me l'a dit comme ça avec ces mots-là elle a besoin de poser un cadre extrêmement contrôlé voilà l'autre gros mot tout ça aussi c'est tout le rapport au contrôle parce que notre humanité je l'avais pas compris quand j'ai lu surveiller et punir de Michel Foucault ça ça a été super important pour moi mais depuis j'ai entendu d'autres penseurs dire et à mon avis il faut le voir comme ça en fait ce cheminement de l'enfermement il commence au néolithique avec la sédentarisation et le fait qu'on fasse des enclos qui ont d'énormes avantages tous ces trucs en fait c'est pour ça que moi j'essaie de pas les voir qu'avec des avantages ou des inconvénients les avantages c'est que évidemment ça nous a permis de stabiliser notre agriculture et de produire le monde jusqu'au monde de maintenant qui a aussi des avantages par rapport au fait de vivre dans les bois tout seul c'est dur c'est dur il y a des gens qui le font mais c'est dur et donc tout ce processus d'enfermement et on va toujours enfin le Covid ça a été fabuleux pour ça toujours vers plus et la conquête de mars aussi les gens c'est Enzo qui a dit à un copain Enzo Odo ils discutaient de ça ils allaient grimper ensemble ils disaient putain mais les gens comment ils vont faire ils vont aller sur Mars mais ils se rendent pas compte disait l'autre copain Enzo lui dit mais non il faut pas du tout voir les chefs comme ça ils sont déjà prêts de toute façon à Dubaï ils vivent dans des trucs il n'y a plus de lumière ils sont complètement ils n'ont plus besoin de la nature de la lumière ils sont déjà prêts et donc on est à un espèce de stade ultime enfin ultime on peut toujours aller plus loin mais on est déjà bien avancé quand même d'enfermement de contrôle de normes où on a plus besoin de penser et donc nous quand ils arrivent en montagne moi ce que je vois très clairement c'est qu'ils arrivent avec ce package et que eux ils ont aucune idée de rien mais s'il faut je dis ça mais moi quand je commençais j'avais aucune idée de rien non plus mais j'avais quand même eu plus d'expérience qu'eux avec la nature le fait de me démerder tout seul oui et puis je pense que c'est aussi ce que ce contrôle produit aussi c'est des peurs tu vois je pense que l'inquiétude du relais et tout ça enfin la question du relais et tout ça c'est aussi tu vois c'est qu'en dehors du contrôle il y a une grosse part l'oeuf qui fait la poule la poule qui fait l'oeuf ça c'est ça c'est très difficile donc moi dans mon cheminement j'ai l'impression que c'est la peur qui fait le contrôle aussi voilà moi je suis plus dans ce cheminement là mais je sais pas si c'est la vérité ça c'est une grosse grosse interrogation mais c'est drôle parce que parce qu'on l'a beaucoup entendu dans le Covid enfin c'est pas la même chose je m'égare sans doute c'est les médias qui créent la peur oui mais pour moi non c'est la peur qui est là et les médias se sont nourris de la peur ils sont nous à l'heure insu pour moi il n'y a vraiment pas de complot mais et ça fait boule de neige on en parle de plus en plus et ça crée de plus en plus de peur oui oui mais est-ce que c'est le contrôle mais le contrôle crée de la peur aussi parce qu'on est habitué à du contrôle c'est ça que toi tu voulais dire oui c'est ça c'est plus ça tu connais non non le contrôle alors là c'est rigolo parce que on a un voisin là qui était psychologue il est là à retraite enfin là il n'est pas là il habite en Lauserre aussi beaucoup et lui il est artiste ok tu peux aller voir on peut aller voir ensemble il est dans son jardin il a plein de trucs mais lui il est psy surtout ok et il essaie de construire ses oeuvres d'art avec tout son parcours de psy ok et tout le cheminement qu'il a eu dans son parcours de psy et lui il travaille beaucoup sur ses notions de de contrôle ouais mais oui qui ramène à l'individu à la société et sur des notions d'effondrement de la société ok donc il est aussi autour de de tous ces mots ouais et pour moi ce qui a été incroyable c'est que moi je suis construé avec donc c'est René Gérard le penseur que j'ai pas nommé que j'évoquais tout à l'heure donc qui lui sur notre rapport lui c'est surtout le rapport à la violence quand même le rapport à une certaine
façon d'organiser la société et à un moment donné on discutait enfin on se rencontrait de temps en temps on discutait on s'apprécie bien et il y a un truc que j'attendais mais que je voyais pas venir c'est qu'en fait il est arrivé sur certains points aux mêmes conclusions que moi mais par un chemin lui il est plutôt quasiment anticlérical donc même sans être moi je suis agnostique mais il y a encore un cran au dessus et il est plus proche comme Barbaracassin d'essayer de construire quelque chose sans le religieux je sais plus comment il intègre le religieux d'ailleurs mais il est arrivé au même truc alors ça ça a été fabuleux je me suis dit putain ça c'était génial des fois les chemins sont tu vois des questions vraiment essentielles fondamentales quand on descend on descend on descend c'est les mêmes et en rejetant plutôt en rejetant plutôt le schéma par lequel moi je me suis construit je suis arrivé au truc pour arriver à des notions de contrôle de le rapport aux normes le rapport au risque le rapport à la vie à citer je pense que ça a dû l'interpeller aussi t'as déjà lu le mot analogue de René Dommage ah ben non mais Olivier il l'a lu il le cite ça me fait penser à ça je pense que ça t'aimerait bien et alors qu'est-ce qu'on projette je sais pas te dire moi je suis plutôt je suis pas inquiet pour pour l'alpinisme je suis plutôt inquiet pour notre monde oui mais ça qui ne l'est pas c'est pas arrangé entre le moment où tu m'as posé la question enfin déjà on s'est rencontré t'as commencé à évoquer ça et maintenant ça s'est pas arrangé encore c'est que ouais mais pour l'alpinisme ouais c'est parce que aussi je me suis construit comme ça c'est ça que je suis allé chercher je pense aussi les alpinistes comme moi on s'est construit par l'obstacle donc là on a un obstacle c'est intéressant ça ça j'ai l'a oublié de le dire c'est pour ça que c'est bien de prendre un peu un temps encore ça c'est super simple à comprendre et on se fait une image tout de suite mais nous c'est les obstacles qui nous ont réussi à devenir meilleurs techniquement tu vois des grimpeurs alpinistes tout ça tu l'as bien compris par ailleurs mais quelqu'un qui c'est ça qui nous et comment on répond de quelle manière on répond à ces obstacles par la force physique par l'intelligence par la technique par la philosophie par la créativité et c'est exactement ça ce que tu fais voilà par exemple il y a l'art il y a la création ouais c'est intéressant ça et le et donc mes collègues parce que j'ai aussi une image il y a un truc qui est très négatif chez les guides parce qu'on prend l'histoire des guides c'est que c'est partie des clients en fait l'impinisme c'est construit grâce aux deux mais c'est les clients qui avaient l'idée et le guide qui trivialement pour de l'argent il y a peut-être de la motivation intrinsèque aussi mais sur la motivation intrinsèque qui est importante c'était Gaël Véran c'est des pauvres paysannasses c'était les paysans ah oui donc là ça amenait bien du beurre dans les épinards on va dire bah ouais je vais t'amener là-haut il y avait peut-être de la curiosité aussi pour certains qui sont allés plus loin mais mais sur ce le guide il est parce que tout ce truc de normes de contrôle d'analytique le gros mot qui est derrière aussi encore c'est c'est l'univers technique la technicité moi à un moment j'avais peut-être sans doute comment ça j'étais intéressé à la pensée libertaire si on lit Jacques Ellul la critique de la société technicienne ou si on lit Yvan Elitch la critique de la société alors eux ils essaient de poser un pourquoi voilà donc la technique c'est un problème et le guide c'est un technicien et il reste prisonnier de la technique et en fait ce que j'ai remarqué mais que j'avais déjà remarqué avant que ce soit aussi prégnant c'est un peu concomitant mais je dirais quand même un peu avant c'est que plus les guides sont prisonniers de ce schéma technique et ils subissent leur activité moins moins ils ont d'outils pour dégager un autre imaginaire autre chose et ils sont prisonniers de ce côté dark c'est pour ça c'est d'où l'intérêt du travail que tu conduis c'est hyper intéressant que tu fasses le lien avec Yvan Elitch et Ellul c'est vraiment des questions technologie technique et technologie que je ne connais pas plus que ça que j'ai lu un peu il y a très longtemps mais c'est parce que Yvan Elitch il est un peu plus on peut se poser la question aussi avec enfin tu vois je ne sais pas moi ça me fait penser j'ai eu un un problème dans le mercantour avec un ami on avait dû appeler le PG on avait la chance d'avoir une barre de réseau enfin et je m'étais vraiment posé la question de et si si ça avait été contingent en fait si j'avais pas eu le téléphone si qu'est-ce qu'on faisait enfin tu vois on aurait probablement passé la nuit à attendre qu'il y ait un rejel pour pouvoir désescalader si la neige tenait plus enfin et c'est tout quoi mais c'est vrai que c'est en fait tu vois même mon téléphone qui est là ça devient inhérent en fait à vraiment une une manière de ouais de l'alpinisme effectivement mais en dehors de ça ah complètement Michel Serres en parlait super bien justement pour pour valoriser certainement aussi je pensais que enfin je comprends pas tout Michel Serres mais ça je comprenais quelque chose il me semble c'est une volonté de presque survaloriser de façon presque naïve les bienfaits de la technologie ouais et donc ce qu'il disait très bien lui il voyait quatre révolutions cognitives dans l'humanité dans un petit livre qui s'appelle Petite Poucette j'étais un peu captivité à lire je suis petit qui se lit vite donc c'est tout le rapport à l'externalisation du savoir donc l'écriture le papier l'imprimerie le fait de pouvoir toujours industrialiser et externaliser le savoir et le numérique et il disait Petite Poucette c'était une façon de surnommer une de ses petites filles toi tu auras d'autres outils que moi je peux pas je peux pas bien sûr qui ont des aspects négatifs mais qui vont permettre alors lui voilà son gros truc qui va vachement te plaire c'était il faut pas le voir que de façon négative c'est que ces outils ils permettent aussi de libérer de l'espace.
parce qu'ils nous libèrent de contraintes techniques et on peut les voir aussi qu'ils vont mieux prendre en charge que nous et ça va libérer un espace qui va nous permettre de si on le souhaite d'aller vers de l'imaginaire et de créer d'autres choses d'avoir plus d'espace pour avoir l'esprit plus libre et penser à autre chose complètement la difficulté de ça c'est qu'on le sait très bien ça s'adresse plus à soit il y a des éléments aléatoires des curieux qui sortent de leur schéma sinon il y a un rapport de domination qui est organisé dans la société et nous où on en est avec Olivier et qui est quand même un peu au delà du gauche droite et on l'entend très très bien aussi parce qu'on fait un gros travail aussi sur les maths quand il y a des mathématiciennes qui s'expriment la top gun mathématicienne qui a répondu à Olivia Caramello une fois elle travaille beaucoup en France elle a un accent mais elle parle en français et avec une maîtrise de la langue des concepts des mots enfin français de folie du feu de Dieu et une fois il y avait un débat je crois sur France Inter sur la féminisation des mathématiciennes il y avait une autre femme ça faudrait je le vérifie vraiment le jour que j'avais entendu une autre fois avec un autre mathématicien qui est d'enfer et en fait avec l'autre mathématicien voilà pour partir comme ça c'était sur la féminisation et les discriminations et elle elle reste elle est prof de maths à Paris dans une grande une grande fac je suis plaqué peu importe quand elle parle de discrimination c'est que du point de vue féminin mais elle a intégré tout le schéma de la pensée analytique et de l'école de l'excellence mais qui devient assez laitiste parce qu'il est quand même pas complètement fermé mais quand même assez fermé pour une certaine classe sociale et l'autre mathématicien il lui disait et il s'est dit à ce sujet il s'est pas beaucoup exprimé il disait parce que j'ai bien vu le truc moi je sais que dans mon milieu je suis la grande gueule je fais le job du sale connard qui à un moment donné va dire les trucs ça m'arrive souvent donc voilà et lui je voyais bien qu'il voulait pas faire ça il voulait dire de façon beaucoup plus intelligente beaucoup plus subtile mais il a dit alors moi les mathématiques j'ai l'impression que la discrimination faut pas l'avoir comme ça c'est plus quelque chose qui est à avoir de plus global plus il est à la psychologie voilà et cette même femme je crois que c'est la même en tout cas c'était pas la même c'était un copier-coller de celle-là une fois elle était sur un autre plateau avec Olivia Caramello et c'est ça pour le dire de façon encore plus globale tous les juments dans lesquels elle est avec Olivier elle disait des trucs sur les maths la féminisation qui étaient justes et là Olivier elle ouvre la bouche et là c'est de la folie elle dit plus de choses dans un cadre beaucoup plus ouvert c'est pas que c'est faux tu vois c'est vraiment ça la pensée analytique celle qui le dit très bien ça c'est je sais pas si tu les as vus peut-être pas c'est les Kung Fu Panda donc Kung Fu Panda 2 qui est pas le meilleur mais c'est le meilleur méchant vous avez le mieux fait il s'appelle Chienne c'est un espèce de pan et la divinatrice qui est un mouton il fait un discours comme ça hyper tac tac analytique et il dit bien sûr que j'ai raison le méchant et la divinatrice lui dit avoir raison ne te donne pas raison et ça c'est directement issu du Tao Te Ching ou ce genre de choses et c'est tu as raison dans une bulle analytique mais la complexité c'est l'assemblage de plusieurs bulles et dans cet ensemble de bulles tu n'as pas forcément raison avoir raison ne te donne pas raison et là c'est exactement ça t'as la mathématicienne dans sa bulle elle décrit un schéma qui est juste où il y a de la domination des femmes mais par contre elle accepte une partie de ce schéma dans lequel elle a bien réussi et qui écrase d'autres c'est clair c'est des questions de prisme et de référentiel et là Olivia quand elle parle et les autres ce qui est génial c'est après elles disent il faut dire les choses comme elle a dit Olivia c'est l'étage exactement tu as tout compris c'est énorme c'est génial on fait une petite pause tu veux boire un coup manger un truc un petit je veux bien un petit.
IN THE broad spectrum of mountaineering there are activities suited to diverse interests and temperaments. No doubt some of the vitality of this exhilarating way of life derives from its variety. If one places large-scale expeditionary mountaineering with its drawn-out treks and exasperating logistics at one end of the spectrum, then at the other end may be found the more immediately gratifying, or perhaps frustrating, minor sport of bouldering. This is a pastime epigrammatized by Yvon Chouinard with his customary wit as "instant suffering.”
There can be little question that such a phrase is apt, for bouldering is essentially one-pitch rock climbing which emphasizes moves of very great difficulty. Frequently bouldering can be done without recourse to ropes on low cliffs and boulders, where a jump to the ground is possible. On longer climbs rope may be employed either from above or from below, depending on the nature of the problem. Certain significantly difficult fifth-class climbs may thus be regarded as bouldering. A climb of bouldering difficulty should involve moves whose fifth-class ratings are at least F 10. Falls are to be expected as a matter of course, and if an entire party ascends without a jump or fall, the bouldering label may be questionable.
One might be led, from these comments, to the conclusion that bouldering is simply practice climbing for the expert, but there is more substance to the sport than that. Bouldering provides informal competition similar to the more formal variety found in artistic or competitive gymnastics. The comparison is quite appropriate moreover, since both activities require that extremely difficult body maneuvers be performed in a graceful manner. This analogy illuminates a novel aspect of bouldering; the boulderer is concerned with form almost as much as with success and will not feel that he has truly mastered a problem until he can do it gracefully. Although the spirit of competition in bouldering becomes intense, this should hardly be deplored. It is far better to let off aggressive steam in a relatively safe situation than to allow its undisciplined eruption on a longer and more difficult ascent. Competition is most decidedly a characteristic of contemporary rock climbing, as almost any sophisticated observer will admit. In bouldering, however, sportsman-like competition plays a valid and appropriate role, especially in forcing the participant to overcome psychological blocks hindering the advancement of his technique.
Special strengths and techniques are cultivated to aid the gymnast in mastering difficult moves or sequences. The boulderer, too, can perform special exercises that will enable him to solve certain classes of climbing problems. Basic upper-torso exercises include the front lever, the one-arm chin, the slow muscle-up and the one-arm mantle-press. Some desirable additional exercises are the cross-mount on the still rings and the one-arm front lever. The weakest physical links between the climber and the rock, the fingers, must be strengthened as much as possible with perhaps greater emphasis on pure strength and power than on endurance. The dedicated boulderer will cultivate squeeze-grip chins on beams of varying widths, one-arm finger-tip chins on door sills and one-arm, one-finger chins on a bar.
The ability to perform all these exercises is not absolutely essential to bouldering. However, the display of these skills often adds a certain polish or finesse to one’s climbing and most really excruciating boulder problems generally demand certain special strengths of this nature. Strong legs and toes are necessary for balance problems, but these are not rare in rock climbers.
A word of caution might be injected concerning muscle bulk and muscle quality. A compromise must be reached between strength and bulk, for a preponderance of the latter will rarely be of service to a rock climber. A high strength-to-weight ratio is eminently desirable and the exercises mentioned will help cultivate this quality, whereas unintelligently planned weight training may actually be harmful.
Although these strengths are necessary for high-standard bouldering, they are not themselves sufficient to assure success. Bouldering calls for the ultimate refinement of fifth-class techniques, but it differs from classical rock climbing not only in the essential strengths but also in the special techniques as well. The lunge, considered by many traditional mountaineers to be an execrable mutation of good technique, may be safely employed by the boulderer. Since bouldering holds are rarely jughandles, the need for a really powerful grip is apparent. Similar to the lunge but far more graceful and controlled is a movement best described as a "dynamic layback.” The name describes the movement: a swinging layback characterized by the ability to return to the start at a speed somewhat less than that of a free fall. This is different from a poorly disciplined lunge, which has no such redeeming quality. A properly executed dynamic layback places the climber’s hand on a hold at the high deadpoint of the swing. Again, as with the lunge, great finger strength is required to take advantage of the height gained by the swing. Because of the control exerted during the move, many more problems may be successfully solved than are possible with a simple jump or lunge. Obviously the more leverage a climber can exert with the muscles of his upper torso, the more control he can exhibit during the swing. The exercises previously described will help in this respect.
Although distinctions between classical rock climbing and bouldering are relatively minor and because of the obvious existence of real competition in bouldering, one raises a question: is a classification system possible? The answer is probably yes. One such system is as follows: B-l which compares to F 10 difficulty, B-2 which is of greater difficulty than F 10, and B-3 which is of maximum difficulty. A B-3 route should be one that is very rarely repeated, although frequently tried without success. Its difficulty must be sustained. A single move, no matter how impressive, should not constitute the entire problem. Another far more objective system utilizes the elimination concept. Obviously a number of expert boulderers must have worked on the problem which is to be classified. E-l indicates a climb so difficult that it has been done by only one individual, E-2 by two, etc. Perhaps this system could be discarded after E-10. Reach and body compactness would make the B-system absurd for occasional problems and climbers of different strengths would dispute the grading. The E-system would not be burdened by squabbles since it emphasizes the accomplishments of certain climbers and not the inherent difficulties of the rock.
Most of the popular rock-climbing areas in the United States have nearby bouldering gardens, and in some instances the two activities merge into interesting and strenuous divertissements either in the form of short leads or top-rope problems. In addition there are many pleasant isolated gardens in the Midwest or South that have seen only occasional bouldering forays. All too often the casual climbing visitor will apply classical rock-climbing attitudes toward difficulty. He attempts only those extreme problems which require traditional technique and a relatively slight expenditure of time. While such a disposition may be perfectly reasonable in the mountains or on big walls where additional objective dangers exist, in a bouldering garden a more athletic attitude can be safely adopted and should be. Climbing on low rock becomes far more meaningful when bouldering standards are applied. In this way, otherwise obscure practice areas become important to the sport.
Depuis la gare du Montenvers qui surplombe la mer de glace, des touristes recherchent le glacier tout en l’observant. Le paysage auquel certains de ces visiteurs font face ne correspondant pas à celui qu’ils projettent, ils refusent alors de le photographier. La mer de glace, dans ce qu’elle possède de visible, perd - à mesure de son réchauffement - l’apparence attendue de son gigantisme. Cette expérience de réalité observée est quasi-iconoclaste ; elle détruit les représentations collectives du glacier que composent les images de communications touristiques, les chiffres et les données, les peintures et les récits d’un romantisme passé, lequel fait aujourd’hui réapparaître la figure de la ruine - d’une nouvelle ruine : qui n’est pas celle d’une activité humaine perdue dans la nature, mais bien celle de la nature perdue dans une activité humaine - opérant peut-être une sorte de renversement anthropocentrique. Les masses rocheuses et glaciaires, auparavant perçues comme des monolithes de stabilités, sous-entendent l’actuelle utilisation du qualificatif d’« affaiblissement » ; on parle de paysage affaibli et par induction, qu’il ait été plus fort à un moment. C’est alors un paysage en puissance qui serait à observer : pas celui là, mais celui qui aurait pu être celui là. On assiste aussi avec le développement du last chance tourism, par lequel des agences emmènent les touristes observer des paysages glacés en insistant sur leur disparition prévue (qui contribuent à la disparition de ces mêmes paysages) à une forme de conscience paradoxale, où le paysage en puissance est donc celui qui ne sera plus - la recherche d’un spectacle au travers de ces « paysages potentiels ». À une échelle plus générale, l’idée du loisir et du divertissement en montagne s’est progressivement associée à son industrialisation - pour la rendre plus praticable, lui amener subtilement une valeur d’usage, un présupposé sur la manière dont ces espaces sont, ou plutôt, se devraient d’être fréquentés. Ces disjonctions, et particulièrement celle entre une réalité et son image, si elle est communément décevante pour les vacanciers, relève peut-être aussi du sentiment d’être trompé par la fabrique des images actuelles, ainsi synonymes d’illusions. Le balcon de la mer de glace, offre à ses visiteurs contemporains la vision désenchantée d’un paysage construit par d’autres temps, la possibilité d’apercevoir l’image d’un présent instable, en composition - d’un paysage qui change de forme. La série Moraine des images s’attache donc à photographier ce que quelques touristes choisissent de ne pas photographier.
I SEEM to distinguish two sorts of climber, those who take a high line about climbing and those who take no particular line at all. It is depressing to think how little I understand either, and I can hardly believe that the second sort are such fools as I imagine. Perhaps the distinction has no reality; it may be that it is only a question of attitude. Still, even as an attitude, the position of the first sort of climber strikes a less violent shock of discord with mere reason. Climbing for them means something more than a common amusement, and more than other forms of athletic pursuit mean to other men; it has a recognised importance in life. If you could deprive them of it they would be conscious of a definite degradation, a loss of virtue. For those who take the high line about it climbing may be one of the modern ways of salvation along with slumming, statistics, and other forms of culture, and more complete than any of these. They have an arrogance with regard to this hobby never equalled even by a little king among grouse-killers. It never, for instance, presents itself to them as comparable with field sports. They assume an unmeasured superiority. And yet—they give no explanation.
I am myself one of the arrogant sort, and may serve well for example, because I happen also to be a sportsman. It is not intended that any inference as to my habits should follow from this premise. You may easily be a sportsman though you have never walked with a gun under your arm nor bestrid a tall horse in your pink. I am a sportsman simply because men say that I am ; it would be impossible to convince them of the contrary, and it's no use complaining; and, once I have humbly accepted my fate and settled down in this way of life, I am proud to show, if I can, how I deserve the title. Though a sportsman may be guiltless of sporting deeds, one who has acquired the sporting reputation will show cause in kind if he may. Now, it is abundantly clear that any expedition on the high Alps is of a sporting nature; it is almost aggressively sporting. And yet it would never occur to me to prove my title by any reference to mountaineering in the Alps, nor would it occur to any other climber of the arrogant sort who may also be a sportsman. We set climbing on a pedestal above the common recreations of men. We hold it apart and label it as something that has a special value.
This, though it passes with all too little comment, is a plain act of rebellion. It is a serious deviation from the normal standard of rightness and wrongness, and if we were to succeed in establishing our value for mountaineering we should upset the whole order of society, just as completely as it would be upset if a sufficient number of people who claimed to be enlightened were to eat eggs with knives and regard with disdain the poor folk who ate them with spoons.
But there is a propriety of behaviour for rebels as for others. Society can at least expect of rebels that they explain themselves. Other men are exempt from this duty because they use the recognised labels in the conventional ways. Sporting practice and religious observance were at one time placed above, or below, the need of explanation. They were bottled and labelled " Extra dry," and this valuation was accepted as a premise for a priori judgments by society in general. Rebel minorities have sometimes behaved in the same way, and by the very arrogance of their dogmatism have made a revolution. The porridge-with-salt men have introduced a fashion which decrees that it is right to eat salt with porridge, and no less wrong to conceal its true nature by any other disguise than to pass the bottle from left to right instead of oppositewise. This triumph was secured only by self-assured arrogance. But the correct method for rebels is that they set forth their case for the world to see.
Climbers who, like myself, take the high line have much to explain, and it is time they set about it. Notoriously they endanger their lives. With what object? If only for some physical pleasure, to enjoy certain movements of the body and to experience the zest of emulation, then it is not worth while. Climbers are only a particularly foolish set of desperadoes ; they are on the same plane with hunters, and many degrees less reasonable. The only defence for mountaineering puts it on a higher plane than mere physical sensation. It is asserted that the climber experiences higher emotions; he gets some good for his soul. His opponent may well feel sceptical about this argument. He, too, may claim to consider his soul's good when he can take a holiday. Probably it is true of anyone who spends a well-earned fortnight in healthy enjoyment at the seaside that he comes back a better, that is to say a more virtuous man than he went. Ho w are the climber's joys worth more than the seaside ? What are these higher emotions to which he refers so elusively ? And if they really are so valuable, is there no safer way of reaching them ? Do mountaineers consider these questions and answer them again and again from fresh experience, or are they content with some magic certainty born of comparative ignorance long ago ?
It would be a wholesome tonic, perhaps, more often to meet an adversary who argued on these lines. In practice I find that few men ever want to discuss mountaineering seriously. I suppose they imagine that a discussion with me would be unprofitable; and I must confess that if anyone does open the question my impulse is to put him off. I can assume a vague disdain for civilisation, and I can make phrases about beautiful surroundings, and puff them out, as one who has a secret and does not care to reveal it because no one would understand—phrases which refer to the divine riot of Nature in her ecstasy of making mountains.
Thus I appeal to the effect of mountain scenery upon my aesthetic sensibility. But, even if I can communicate by words a true feeling, I have explained nothing. Aesthetic delight is vitally connected with our performance, but it neither explains nor excuses it. No one for a moment dreams that our apparently wilful proceedings are determined merely by our desire to see what is beautiful. The mountain railway could cater for such desires. By providing view-points at a number of stations, and by concealing all signs of its own mechanism. It might be so completely organised that all the aesthetic joys of the mountaineer should be offered to its intrepid ticketholders. It would achieve this object with a comparatively small expenditure of time, and would even have, one might suppose, a decisive advantage by affording to all lovers of the mountains the opportunity of sharing their emotions with a large and varied multitude of their fellow-men. And yet the idea of associating this mechanism with a snow mountain is the abomination of every species of mountaineer. To him it appears as a kind of rape. The fact that he so regards it indicates the emphasis with which he rejects the crude aesthetic reasons as his central defence.
I suppose that, in the opinion of many people who have opportunities of judging, mountaineers have no ground for claiming for their pursuit a superiority as regards the natural beauties that attend it. An d certainly many huntsmen would resent their making any such claim. We cannot, therefore, remove mountaineering from the plane of hunting by a composite representation of its merits—by asserting that physical .and aesthetic joys are blent for us and not for others.
Nevertheless, I a m still arrogant, and still confident in the superiority of mountaineering over all other forms of recreation. But what do I mean by this superiority ? And in what measure do I claim it ? On what level do we place mountaineering ? What place in the whole order of experience is occupied by our experience as mountaineers ? The answer to these questions must be very nearly connected with the whole explanation of our position; it ma y actually be found to include in itself a defence of mountaineering.
It must be admitted at the outset that our periodic literature gives little indication that our performance is concerned no less with the spiritual side of us than with the physical. This is, in part, because we require certain practical information of anyone who describes an expedition. Our journals, with one exception, do not pretend to be elevated literature, but aim only at providing useful knowledge for climbers. With this purpose w e try to show exactly where upon a mountain our course lay, in what manner the conditions of snow and ice and rocks and weather were or were not favourable to our enterprise, and what were the actual difficulties we had to overcome and the dangers we had to meet. Naturally, if we accept these circumstances, the impulse for literary expression vanishes; not so much because the matter is not suitable as because, for literary expression, it is too difficult to handle. A big expedition in the Alps, say a traverse of Mont Blanc, would be a superb theme for an epic poem. But we are not all even poets, still less Homers or Miltons. We do, indeed, possess lyric poetry that is concerned with mountains, and value it highly for the expression of much that we feel about them. But little of it can be said to suggest that mountaineering in the technical sense offers an emotional experience which cannot otherwise be reached. A few essays and a few descriptions do give some indication that the spiritual part of man is concerned. Most of those who describe expeditions do not even treat them as adventure, still less as being connected with any emotional experience peculiar to mountaineering. Some writers, after the regular careful references to matters. of plain fact, insert a paragraph dealing summarily with an aesthetic experience; the greater part make a bare allusion to such feelings or neglect them altogether, and perhaps these are the wisest sort.
And yet it is not so very difficult to write about aesthetic impressions in some way so as to give pleasure. If we do not ask too much, many writers are able to please us in this. respect. We may be pleased, without being stirred to the depths, by anyone who can make us believe that he has. experienced aesthetically; we may not be able to feel with him what he has felt, but if he talks about it simply we may be quite delighted to perceive that he has felt as we too are capable of feeling. Mountaineers who write do not, as a rule, succeed even in this small degree. If they are so bold as to attempt a sunset or sunrise, we too often feel uncertain as, we read that they have felt anything—and this even though we may know quite well that they are accustomed to feel as we feel ourselves.
These observations about our mountain literature are not made by way of censure or in disappointment; they are put forward as phenomena, which have to be explained, not so. much by the nature of mountaineers, but rather by the nature of their performance. The explanation which commends itself to me is derived very simply from the conception of mountaineering, which, expressed or unexpressed, is common, I imagine, to all us of the arrogant sort. W e do not think that our aesthetic experiences of sunrises and sunsets and clouds and thunder are supremely important facts in mountaineering, but rather that they cannot thus be separated and catalogued and described individually as experiences at all They are not incidental in mountaineering, but a vital and inseparable part of it; they are not ornamental, but structural ; they are not various items causing emotion but parts of an emotional whole; they are the crystal pools perhaps, but they owe their life to a continuous stream.
It is this unity that makes so many attempts to describe aesthetic detail seem futile. Somehow they miss the point and fail to touch us. It is because they are only fragments. If we take one moment and present its emotional quality apart from the whole, it has lost the very essence that gave it a value. If we write about an expedition from the emotional point of view in any part of it, we ought so to write about the whole adventure from beginning to end.
A day well spent in the Alps is like some great symphony. Andante, andantissimo sometimes, is the first movement—the grim, sickening plod up the moraine. But how forgotten when the blue light of dawn flickers over the hard, clean snow! The new motif is ushered in, as it were, very gently on the lesser wind instruments, hautboys and flutes, remote but melodious and infinitely hopeful, caught by the violins in the growing light, and torn out by all the bows with quivering chords as the summits, one by one, are enmeshed in the gold web of day, till at last the whole band, in triumphant accord, has seized the air and romps in magnificent frolic, because there you are at last marching, all a-tingle with warm blood, under the sun. And so throughout the day successive moods induce the symphonic whole—allegro while you break the back of an expedition and the issue is still in doubt; scherzo, perhaps, as you leap up the final rocks of the arete or cut steps in a last short slope, with the ice-chips dancing and swimming and bubbling and bounding with magic gaiety over the crisp surface in their mad glissade ; and then, for the descent, sometimes again andante, because, while the summit was still to win, you forgot that the business of descending may be serious and long; but in the end scherzo once more—with the brakes on for sunset.
Expeditions in the Alps are all different, no less than symphonies are different, and each is a fresh experience. Not all are equally buoyant with hope and strength; nor is it only the proportion of grim to pleasant that varies, but no less the quality of these and other ingredients and the manner of their mixing. But every mountain adventure is emotionally complete. The spirit goes on a journey just as does the body, and this journey has a beginning and an end, and is concerned with all that happens between these extremities. You cannot say that one part of your adventure was emotional while another was not, any more than you can say of your journey that one part was travelling and another was not. You cannot subtract parts and still have the whole. Each part depends for its value upon all the other parts, and the manner in which it is related to them. The glory of sunrise in the Alps is not independent of what has passed and what's to come ; without the day that is dying and the night that is to come the reverie of sunset would be less suggestive, and the deep valley-lights would lose their promise of repose. Still more, the ecstasy of the summit is conditioned by the events of getting up and the prospects of getting down.
Mountain scenes occupy the same place in our consciousness with remembered melody. It is all one whether I find myself humming the air of some great symphonic movement or gazing upon some particular configuration of rock and snow, or peak and glacier, or even more humbly upon some colour harmony of meadow and sweet pinewood in Alpine valley. Impressions of things seen return unbidden to the mind, so that we seem to have whole series of places where we love to spend idle moments, inns, as it were, inviting us by the roadside, and many of them pleasant and comfortable Gorphwysfas, so well known to us by now that we make the journey easily enough with a homing instinct, and never feel a shock of surprise, however remote they seem, when we find ourselves there. Many people, it appears, have strange dreamlands, where they are accustomed to wander at ease, where no " dull brain perplexes and retards," nor tired body and heavy limbs, but where the whole emotional being flows, unrestrained and unencumbered, it knows not whither, like a stream rippling happily in its clean sandy bed, careless towards the infinite. My own experience has more of the earth. My mental homes are real places, distinctly seen and not hard to recognise. Only a little while ago, when a sentence I was writing got into a terrible tangle, I visited one of them. A n infant river meanders coolly in a broad, grassy valley; it winds along as gently almost as some glassy snake of the plains, for the valley is so flat that its slope is imperceptible. The green hills on either side are smooth and pleasing to the eye, and eventually close in, though not completely. Here the stream plunges down a steep and craggy hillside far into the shadow of a deeper valley. You may follow it down by a rough path, and then, turning aside, before you quite reach the bottom of the second valley, along a grassy ledge, you may find a modest inn. The scene was visited in reality by three tired walkers at the end of a first day in the Alps a few seasons back. It is highly agreeable. When I discover myself looking again upon the features of this landscape, I walk no longer in a vain shadow, disquieting myself, but a delicious serenity embraces my whole being. In another scene which I still sometimes visit, though not so often as formerly, the main feature is a number of uniform truncated cones with a circular base of, perhaps, 8 in. diameter; they are made of reddish sand. They were, in fact, made long ago by filling a flower-pot with sandy soil from the country garden where I spent a considerable part of my childhood. The emotional quality of this scene is more exciting than that of the other. It recalls the first occasion upon which I made sand-pies, and something of the creative force of that moment is associated with the tidy little heaps of reddish sand.
For any ardent mountaineer whose imaginative parts are made like mine, normally, as I should say, the mountains will naturally supply a large part of this hinterland, and the more important scenes will probably be mountainous—an indication in itself that the mountain experiences, unless they are merely terrible, are particularly valuable.
It is difficult to see why certain moments should have this queer vitality, as though the mind's home contained some mystic cavern set with gems which wait only for a gleam of light to reveal their hidden glory. What principle is it that determines this vitality? Perhaps the analogy with musical experience ma y still suffice. Mountain scenes appear to recur, not only in the same quality with tunes from a great work, say, Mozart or Beethoven, but from the same differentiating cause. It is not mere intensity of feeling that determines the places of tunes in my subconscious self, but chiefly some other principle. When the chords of melody are split, and unsatisfied suggestions of complete harmony are tossed among the instruments; when the firm rhythm is lost in remote pools and eddies, the mind roams perplexed ; it experiences remorse and associates it with no cause; grief, and it names no sad event; desires crying aloud and unfulfilled, and yet it will not formulate the object of them; but when the great tide of music rises with a resolved purpose, floating the strewn wreckage and bearing it up together in its embracing stream, like a supreme spirit in the glorious act of creation, then the vague distresses and cravings are satisfied, a divine completeness of harmony possesses all the senses and the mind as though the universe and the individual were in exact accord, pursuing a common aim with the efficiency of mechanical perfection. Similarly, some parts of a climbing day give us the feeling of things unfulfilled; w e doubt and tremble; w e go forward not as me n determined to reach a fixed goal; our plans do not convince us and miscarry; discomforts are not willingly accepted as a proper necessity; spirit and body seem to betray each other: but a time comes when all this is changed and w e experience a harmony and a satisfaction. T h e individual is in a sense submerged, yet not so as to be less conscious; rather his consciousness is specially alert, and he comes to a finer realisation of himself than ever before. It is these moments of supremely harmonious experience that remain always with us and part of us. Other times and other scenes besides may be summoned back to gleam across the path, elusive revenants; but those that are born of the supreme accord are more substantial; they are the real immortals. Sensation may fill the mind with melody remembered, so that the great leading airs of a symphony become an emotional commonplace for all who have heard it, and for mountaineers it may with no less facility evoke a mountain scene.
But once again. What is the value of our emotional experience among mountains? W e may show by comparison the kind of feeling we have, but might not that comparison be applied with a similar result in other spheres ?
How it would disturb the cool contempt of the arrogant mountaineer to whisper in his ear, " Why not drop it and take up, say. Association football ?" Not, of course, if a footballer made the remark, because the mountaineer would merely humour him as he would humour a child. That, at least, is the line I should take myself, and I can't imagine that, for instance, a proper president of the Alpine Club, if approached in this way by the corresponding functionary of the A.F.A., could adopt any other. But supposing a member of the club were to make the suggestion—with the emendation, lest this should be ridiculous, of golf instead of football—imagine the righteousness of his wrath and the majesty of his anger! And yet it is as well to consider whether the footballers, golfers, etc., of this world have not some experience akin to ours. The exteriors of sportsmen are so arranged as to suggest that they have not; but if we are to pursue the truth in a whole-hearted fashion we must, at all costs, go further and see what lies beyond the faces and clothes of sporting men. Happily, as a sportsman myself, I know what the real feelings of sportsmen are; it is clear enough to me that the great majority of them have the same sort of experience as mountaineers.
It is abundantly clear to me, and even too abundantly. The fact that sportsmen are, with regard to their sport, highly emotional beings is at once so strange and so true that a lifetime might well be spent in the testing of it. Very pleasant it would be to linger among the curious jargons, the outlandish manners—barbaric heartiness, mediaeval chivalry, " side " and " swank," if these can be distinguished, in their various appearances—and the mere facial expressions &f the different species in the genus; and to see how all alike have one main object, to disguise the depth of their real sentiment. But these matters are to be enjoyed and digested in the plenty of leisure hours, and I must put them by for now. The plain facts are sufficient for this occasion. Th e elation of sportsmen in success,- their depression in failure, their long-spun vivacity in anecdote—these are the great tests, and by their quality may be seen the elemental play of emotions among all kinds of sportsmen. The footballers, the cricketers, the golfers, the batters and bailers—to be short, of all the one hundred and thirty-one varieties, .all dream by day and by night as the climber dreams. Spheroidic prodigies are immortal each in its locality. The place comes back to the hero with the culminating event—the moment when a round, inanimate object was struck supremely well; and all the great race of hunters, in more lands than one, the me n who hunt fishes and fowls and beasts after their kind, from perch to spotted seaserpent, fat pheasant to dainty lark or thrush, tame deer to jungle-bred monster, all hunters dream of killing animals, whether they be small or great, and whether they be gentle or ferocious. Sport is for sportsmen a part of their emotional experience, as mountaineering is for mountaineers.
How, then, shall we distinguish emotionally between the mountaineer and the sportsman ?
The great majority of men are in a sense artists ; some are active and creative, and some participate passively. No doubt those who create differ in some way fundamentally from those who do not create ; but they hold this artistic impulse in common: all alike desire expression for the emotional side of their nature. The behaviour of those who are devoted to the higher forms of Art shows this clearly enough. It is clearest of all, perhaps, in the drama, in dancing, and in music. Not only those who perform are artists, but also those wh o are moved by the performance. Artists, in this sense, are not distinguished by the power of expressing emotion, but the power of feeling that emotional experience out of which Art is made. We recognise this when w e speak of individuals as artistic, though they have no pretension to create Art. Arrogant mountaineers are all artistic, independently of any other consideration, because they cultivate emotional experience for its own sake; and so for the same reason are sportsmen. It is not paradoxical to assert that all sportsmen—real sportsmen, I mean—are artistic; it is merely to apply that term logically, as it ought to be applied. A large part of the human race is covered in this way by an epithet usually vague and specialised, and so it ought to be. No difference in kind divides the individual who is commonly said to be artistic from the sportsman who is supposed not so to be. On the contrary, the sportsman is a recognisable kind of artist. So soon as pleasure is being pursued, not simply for its face value, as it is being pursued at this moment by the cook below, who is chatting with the fishmonger when I know she ought to be basting the joint, not in the simplest way, but for some more remote and emotional object, it partakes of the nature of Art. This distinction ma y easily be perceived in the world of sport. It points the difference between one who is content to paddle a boat by himself because he likes the exercise, or likes the sensation of occupying a boat upon the water, or wants to use the water to get to some desirable spot, and one who trains for a race; the difference between kicking a football and playing in a game of football; the difference between riding individually for the liver's sake and riding to hounds. Certainly neither the sportsman nor the mountaineer can be accused of taking his pleasure simply. Both are artists ; and the fact that he has in view an emotional experience does not remove the mountaineer even from the devotee of Association football.
But there is Art and ART . W e ma y distinguish amongst artists. Without an exact classification or order of merit w e do so distinguish habitually. The " Fine Arts " are called " fine " presumably because we consider that all Arts are not fine. The epithet artistic is commonly limited to those who are seen to have the artistic sense developed in a peculiar degree.
It is precisely in making these distinctions that we may estimate what we set out to determine—the value of mountaineering in the whole order of our emotional experience. To what part of the artistic sense of man does mountaineering belong ? To the part that causes him to be moved by music or painting, or to the part that makes him enjoy a game?
By putting the question in this form we perceive at once the gulf that divides the arrogant mountaineer from the sportsman. It seemed perfectly natural to compare a day in the Alps with a symphony. For mountaineers of my sort mountaineering is rightfully so comparable; but no sportsman could or would make the same claim for cricket or hunting, or whatever his particular sport might be. He recognises the existence of the sublime in great Art, and knows, even if he cannot feel, that its manner of stirring the heart is altogether different and vaster. But mountaineers do not admit this difference in the emotional plane of mountaineering and Art. They claim that something sublime is the essence of mountaineering. They can compare the call of the hills to the melody of wonderful music, and the comparison is not ridiculous.
Version française :
Je crois distinguer deux types d'alpinistes : ceux qui ont une haute idée de leur activité et ceux qui ne lui accordent pas une importance particulière. Il m'est déprimant de voir combien je les comprends peu, les uns comme les autres, et j'ai peine à croire que les seconds soient aussi stupides que je l'imagine.
Peut-être qu'il ne s'agit que d'une question d'attitude. Mais si tel est le cas, celle des alpinistes du premier genre heurte moins violemment la raison. Pour eux, grimper est plus qu'un simple divertissement, grimper a plus de sens que d'autres formes d'activités sportives peuvent en avoir pour les autres hommes ;
grimper a une importance reconnue dans la vie. Si on pouvait les en priver, ils le vivraient comme une dégradation, une perte de valeur. Pour ceux qui s'en font une haute idée, l'alpinisme peut être l'une des voies modernes de salut, au même titre que le baguenaudage, les statistiques et d'autres formes de culture, et plus complètement qu'aucune d'entre elles. Ils ont à l'égard de ce passe-temps une arrogance que rien n'égale, pas même celle du plus fier des tueurs de tétras. Il ne leur viendrait jamais à l'esprit de le comparer aux sports collectifs. Ils ont un incommensurable sentiment de supériorité. Pourtant, ils n'expliquent rien.
Je suis moi-même du type arrogant et je peux facilement servir d'exemple, car il se trouve que je suis aussi un sportif. Cette qualité n'interfère en rien avec mes habitudes : on peut aisément être un sportif sans n'avoir jamais marché avec un fusil sous le bras ou monté à cheval avec grâce. Je suis un sportif simplement parce que mes congénères disent que je le suis ; il serait impossible de les convaincre du contraire, et s'en plaindre ne sert à rien ; ayant humblement accepté mon sort, bien installé dans ce mode de vie, je suis fier de montrer, si j'en suis capable, combien je mérite ce titre. Même si un sportif peut être vierge de résultats, celui qui a acquis une telle réputation en fera la preuve s'il le peut. Or, il est évident que toute expédition dans les Alpes est de nature sportive - presque agressivement sportive. Et pourtant, il ne me viendrait jamais à l'idée de prouver mon titre par une quelconque référence à l'alpinisme dans les Alpes, pas plus qu'à aucun autre alpiniste du type arrogant qui s'avérerait être aussi un sportif. Nous plaçons l'alpinisme sur un piédestal, au-dessus des récréations communes des hommes. Nous le classons à part, nous lui accordons une valeur particulière.
Il s'agit, on le dit trop peu, d'un authentique acte de rébellion, d'un écart sérieux au regard des normes acceptées. Si nous pouvions établir notre valeur en alpinisme, nous bouleverserions l'ordre social tout aussi radicalement que si un nombre suffisant de prétendus éclairés se mettaient à manger les œufs avec un couteau et à mépriser les pauvres types qui le font avec une cuillère.
Mais les rebelles, eux aussi, doivent respecter certaines convenances. La société attend d'eux, a minima, qu'ils s'expliquent.
D'autres sont exemptés de cette obligation, car ils utilisent des labels reconnus. Les pratiques sportives et religieuses se situaient autrefois au-dessus, ou au-dessous, de tout besoin d'explication.
On les mettait en bouteille, on les étiquetait « extra-dry », et cette évaluation était acceptée comme préliminaire d'un jugement a priori par la société en général. Certaines minorités rebelles se sont parfois comportées de la même manière et, par l'arrogance même de leur dogmatisme, ont fait une révolution. Les partisans du porridge salé ont créé une mode selon laquelle il est tout aussi juste d'ajouter du sel dans son porridge que de cacher sa véritable nature en passant la bouteille de gauche à droite plutôt que l'inverse. Ce triomphe n'a été obtenu que par une arrogance assumée. Cependant, la bonne méthode pour les rebelles consiste à présenter des arguments au monde.
Les alpinistes qui, comme moi, empruntent la voie haute ont beaucoup à expliquer, et il est temps qu'ils s'y mettent. Il est notoire qu'ils mettent leur vie en danger. Pour quelle raison ?
S'il ne s'agit que de plaisir physique, du goût du corps en mouvement et d'un zeste d'émulation, cela n'est pas digne d'intérêt.
Les alpinistes ne sont qu'un groupe de desperados particulièrement stupides ; ils sont sur le même plan que les chasseurs, et à bien des degrés moins raisonnables. La seule façon de défendre l'alpinisme, c'est de le placer sur un plan supérieur, au-dessus de la simple sensation physique. On affirmera que l'alpiniste éprouve des émotions plus élevées; qu'il fait du bien à son âme.
Son adversaire se montrera sceptique quant a cet argument.
Lui aussi peut prétendre au bien de son âme lorsqu'il prend des vacances. Il est probable que celui qui s'offre deux semaines de réjouissances saines et méritées en bord de mer reviendra meilleur, c'est-à-dire dans une condition plus vertueuse qu'au départ.
En quoi les joies de l'alpiniste sont-elles plus précieuses? Quelles sont ces émotions supérieures auxquelles il se réfère de manière si insaisissable ?.Et si elles ont tant de valeur, n'existe-t-il pas un moyen plus sûr de les atteindre? Les alpinistes réfléchissent-ils à ces questions? Cherchent-ils à y répondre en partant sans cesse vers de nouvelles expériences ou se contentent-ils de certitudes magiques ancrées dans de vieilles ignorances ?
Il serait très stimulant de rencontrer plus souvent un adversaire qui argumenterait sur ces questions. Dans la pratique, j'observe que peu d'hommes souhaitent discuter sérieusement de l'alpinisme. Je suppose qu'ils s'imaginent qu'une discussion avec moi ne serait pas profitable; et je dois avouer que si quelqu'un aborde cette question, mon instinct est de le décourager. Je suis capable de professer un vague mépris pour la civilisation, de m'en tirer avec quelques phrases sur la beauté des paysages et le désordre divin de la Nature dans sa création extatique des montagnes, de les renvoyer dans leurs cordes pour ne pas révéler un secret que personne ne comprendrait. En cela, je fais appel à l'effet des paysages de montagne sur ma sensibilité esthétique. Je peux communiquer par des mots un sentiment vrai, mais je n'explique rien. Le plaisir esthétique est au cœur de nos entreprises, mais il ne saurait les expliquer ni les excuser. Personne ne peut envisager un seul instant que nos actions soient simplement déterminées par notre désir de voir la beauté. Le chemin de fer en montagne pourrait combler de tels souhaits. En proposant des points de vue à chaque arrêt et en dissimulant tous les signes de sa mécanique, il pourrait être si parfaitement organisé que toutes les joies esthétiques de l'alpiniste seraient offertes à ses intrépides détenteurs de billets. Il permettrait ainsi d'atteindre ce but en un temps relativement réduit, et offrirait même l'occasion aux vrais amoureux de la montagne de partager leurs émotions avec une multitude de leurs semblables. Et pourtant, l'idée d'associer cette mécanique à une montagne enneigée est une abomination pour tout alpiniste, une sorte de viol - ce qui montre à quel point il refuse de faire des pures raisons esthétiques sa motivation première.
Je suppose que, pour ceux qui sont en position d'en juger, les alpinistes n'ont aucun titre à prétendre que leur quête offre, plus que toute autre, accès aux beautés de la nature. De nombreux chasseurs seraient certainement heurtés par une telle affirmation. On ne peut donc pas distinguer l'alpinisme de la chasse en vantant ses mérites composites et en affirmant que ces joies physiques et esthétiques nous sont réservées.
Quoi qu'il en soit, je reste arrogant, et convaincu de la supériorité de l'alpinisme sur toutes les autres formes de loisirs. Mais qu'est-ce que cette supériorité signifie pour moi ? Et dans quelle mesure dois-je y prétendre? À quel niveau place-t-on l'alpinisme?
Quelle place notre expérience d'alpiniste occupe-t-elle dans l'ordre de l'expérience en général? La réponse à ces questions doit être étroitement liée à l'explication globale de notre position; elle pourrait constituer en elle-même une défense de l'alpinisme.
Il faut admettre d'emblée que nos publications périodiques
- donnent peu d'indications sur le fait que nos performances ont une dimension spirituelle autant que physique. Cela tient en partie à ce que nous exigeons certaines informations pratiques de la part de quiconque décrit une ascension'. Nos revues, à une exception près, ne prétendent pas être de la littérature de haut niveau, mais visent uniquement à fournir des connaissances utiles aux alpinistes. Dans ce but, nous essayons de montrer avec exactitude où se trouvait notre voie sur une montagne, de quelle manière les conditions de neige, de glace, de rocher et la météo étaient ou non favorables à notre entreprise, quelles étaient les difficultés réelles que nous avons dû surmonter et les dangers auxquels nous devions faire face. Naturellement, si nous acceptons ces contraintes, l'impulsion littéraire disparaît; non pas tant parce que le sujet ne s'y prête pas, mais plutôt parce que, pour l'expression littéraire, il est trop difficile à traiter.
Une grande ascension dans les Alpes, par exemple une traversée du mont Blanc, serait un superbe thème pour un poème épique.
Mais nous ne sommes pas tous poètes, encore moins Homère ou Milton. Certes, nous savons trouver des élans lyriques et poétiques pour exprimer ce que nous ressentons face aux montagnes, et nous en usons avec plaisir. Mais rien ou presque de tout cela ne suggère que l'alpinisme, au sens technique du terme, offre une expérience émotionnelle qui ne peut pas être atteinte autrement. Quelques essais et quelques descriptions abordent timidement cette dimension spirituelle. Mais la plupart de ceux qui décrivent des ascensions n'y voient aucune aventure, aucune dimension émotionnelle propre à l'alpinisme. Certains auteurs, après les références inévitables et minutieuses aux faits, insèrent un paragraphe traitant sommairement d'une expérience esthétique; la plupart font une simple allusion à de tels sentiments ou les négligent complètement, et ce sont peut-être les plus sages.
Pourtant, il n'est pas si difficile d'écrite sur des impressions esthétiques de manière à partager ce plaisir. Si l'on n'en demande pas trop, bien des écrivains sont capables de nous satisfaire à cet égard. Nous pourrions être comblés, sans être émus aux tréfonds, par qui saurait nous transmettre ce qu'il a éprouvé esthétiquement; sans forcément partager avec lui tout ce qu'il a vécu, nous pourrions, s'il en parle simplement, être simplement heureux de voir qu'il a ressenti ce que nous aussi sommes capables de ressentir. Mais les alpinistes qui écrivent ne réussissent généralement pas, même dans une si faible mesure. S'ils ont l'audace de tenter un coucher ou un lever de soleil, nous doutons trop souvent en les lisant qu'ils aient ressenti quoi que ce soit
- et cela, même si nous savons qu'ils sont accoutumés à ressentir ce que nous ressentons nous-mêmes.
Ces observations sur notre littérature de montagne ne sont pas faites sous le coup de la déception; il faut les énoncer et tenter d'expliquer le phénomène non pas tant par la nature des alpinistes que par la nature de leurs performances. L'explication qui s'impose à moi découle très simplement d'une conception de l'alpinisme qui, exprimée ou non, est commune, j'imagine, à tous les arrogants que nous sommes. Nos expériences esthétiques des levers et couchers de soleil, des nuages et de l'orage ne nous semblent pas être des faits d'une suprême importance en termes d'alpinisme; il nous est impossible de les isoler, de les cataloguer et de les décrire individuellement comme des expériences. Pourtant, elles ne sont pas accessoires en alpinisme, mais en constituent une partie vitale et indissociable du tout ; elles ne sont pas ornementales, mais structurelles; ce ne sont pas des éléments épars déclenchant des émotions, elles forment un ensemble émotionnel cohérent. Ce sont des bassins d'eaux cristallines qui n'existent que par le courant qui les traverse.
C'est cette unité qui rend vaines tant de tentatives de description des détails esthétiques qui passent à côté de l'essentiel et ne nous touchent pas. C'est parce qu'il ne s'agit que de fragments.
Si nous nous arrêtons pour isoler la qualité émotionnelle d'un moment, il perd l'essence même de ce qui faisait sa valeur. Si l'on prend le point de vue des émotions pour écrire un quelconque moment d'une ascension, il faut écrire ainsi sur toute l'aventure, du début a la fin.
Une belle journée passée dans les Alpes est comme une grande symphonie, Andante, andantissimo, tel est parfois le premier mouvement - la marche nocturne, sévère et nauséeuse, sur les moraines. Mais comme c'est vite oublié lorsque la lumière bleue de l'aube scintille sur la neige dure et immaculée ! Le nouveau motif est introduit tout en douceur par les petits instruments à vent, hautbois et flûtes, lointains, mélodieux et porteurs d'infinis espoirs, repris par les violons dans la lumière qui s'affirme puis par tous les archets en accords frémissants tandis que la toile d'or du jour se pose sur les sommets, un à un, jusqu'à ce que l'orchestre, en accord triomphant, s'empare du thème dans un élan magnifique, car vous voilà enfin en marche sous le soleil, frissonnant d'émotion et du sang chaud circulant dans les veines.
Ainsi, au long de la journée, des humeurs successives balayent tout le spectre symphonique - allegro quand le plus dur est passé mais que l'issue de la course est encore incertaine; scherzo, peut-être, quand vous sautez sur les rochers de l'arête sommitale ou taillez des marches dans un dernier ressaut, que les éclats de glace voltigent sur la surface croustillante dans une danse joyeuse et magique avant de plonger dans une folle glissade ; et puis, à la descente, andante parfois encore, parce qu'on a oublié qu'elle pouvait être longue, sérieuse tant que le sommet était encore en ligne de mire; mais a la fin, scherzo encore une fois - et un dernier silence pour le coucher du soleil.
Les ascensions dans les Alpes, comme les symphonies, sont toutes différentes, et chacune est une expérience nouvelle. Toutes ne sont pas aussi chargées d'espoir et de force; la part du sombre et du plaisir varie, ainsi que la qualité de ces ingrédients et la manière de les mélanger. Chaque aventure en montagne est émotionnellement complète. L'esprit part en voyage autant que le corps; ce voyage a un début et une fin, tout ce qui se passe entre ces deux moments en fait la saveur. Vous ne pouvez pas dire qu'une partie de votre aventure a été émotionnelle tandis qu'une autre ne l'a pas été, vous ne pouvez pas dire de votre aventure qu'une partie a été un voyage et une autre ne l'a pas été. Vous ne pouvez pas extraire des parties et conserver le tout.
La valeur de chaque partie dépend de toutes les autres parties et de la manière dont elle leur est liée, La gloire d'un lever du soleil sur les Alpes n'est pas indépendante de ce qui s'est passé et de ce qui va arriver; sans le jour qui se meurt et la nuit qui va venir, la rêverie du coucher du soleil serait moins suggestive, et les lumières lointaines de la vallée perdraient leur promesse de repos. L'extase du sommet est conditionnée par les événements de l'ascension et les perspectives de descente.
Les scènes de montagne occupent la même place dans notre conscience qu'une mélodie mémorisée. Il y a une unité entre fredonner l'air d'un grand mouvement symphonique et contempler une formation de roche et de neige, un pic et un glacier, ou plus humblement l'harmonie de couleurs des prés et des pinèdes dans une vallée alpine. Les impressions des choses vues reviennent spontanément à l'esprit pour nous offrir une série d'endroits où nous aimons passer des moments de farniente, comme des auberges accueillantes au bord de la route; beaucoup de ces lieux, Gorffwysfas 2 agréables et confortables, nous les connaissons si bien que le voyage est facile, on s'y sent à la maison et, aussi lointains qu'ils puissent paraître, on n'est jamais surpris de s'y retrouver. Nombreux sont ceux, semble-t-il, qui connaissent ces étranges pays oniriques où l'on erre à sa guise sans que « l'esprit lourd hésite et paresse », où l'on ne connait ni fatigue du corps ni jambes de plomb, mais ou tout l'être émotionnel coule sans but connu, sans retenue et sans entrave, comme un ruisseau serpentant joyeusement dans son lit sablonneux, clair, insouciant, vers l'infini. Ma propre expérience est plus terrestre. Les foyers de mon esprit sont des lieux réels, vus distinctement et faciles à reconnaître. Récemment encore, alors qu'une phrase que je tentais d'écrire s'embrouillait sous mes doigts, j'ai visité l'un d'eux.
Près de sa source, un ruisseau étire tranquillement ses méandres dans une large vallée d'alpage; il serpente doucement, comme un luisant serpent des plaines, car la pente est imperceptible.
Les sommets verdoyants alentour, doux et agréables à l'œil, se rapprochent peu à peu, jusqu'au point où le torrent plonge dans un versant abrupt vers l'ombre lointaine d'une vallée profonde.
On peut le suivre par un sentier escarpé, puis bifurquer vers une vire herbeuse peu avant d'atteindre le fond de la seconde vallée où se trouve peut-être une modeste auberge. La scène a été visitée en réalité par trois marcheurs fatigués à la fin d'une première journée dans les Alpes il y a quelques saisons. Elle est agréable au plus haut point. Quand je me retrouve à contempler à nouveau les traits de ce paysage, je ne marche plus, inquiet, dans l'ombre vaine, mais une délicieuse sérénité envahit tout mon être. Dans une autre scène qu'il m'arrive encore de visiter, quoique moins souvent qu'autrefois, l'élément principal est une série de cônes tronqués de sable rougeâtre, tous identiques, d'une vingtaine de centimètres de diamètre. Ils ont été fabriqués il y a bien longtemps en remplissant un pot de fleurs avec la terre sableuse du jardin de campagne ou j'ai passé une grande partie de mon enfance. La qualité émotionnelle de cette scène est plus excitante que celle de l'autre. Elle me rappelle la première fois où j'ai fait des châteaux de sable, et quelque chose de la force créatrice de ce moment est associé aux petits tas bien alignés de sable rouge.
Pour tout alpiniste passionné dont l'imagination est faite comme la mienne, normalement, devrais je dire, les montagnes alimenteront naturellement une grande partie de cet arrière pays, et les scènes les plus importantes s'y dérouleront probablement - une indication en soi que les expériences en montagne, à moins qu'elles ne soient simplement terribles, sont particulièrement précieuses.
Il est difficile de comprendre pourquoi certains moments ont cette étrange vitalité, comme si la demeure de l'esprit recelait quelque caverne mystique sertie de gemmes n'attendant qu'un rayon de lumière pour révéler leur gloire cachée. Quel est le principe qui détermine cette vitalité ? Peut-être que l'analogie avec l'expérience musicale suffit encore. Les scènes de montagne semblent nous revenir en mémoire avec la qualité d'une mélodie de Mozart ou de Beethoven, et pour une même cause singulière.
Ce n'est pas seulement l'intensité du sentiment qui détermine la place des mélodies dans mon subconscient mais, au premier chef, un autre principe. Lorsque les accords de la mélodie s'éloignent, que l'harmonie peine à s'installer entre les instruments, quand le rythme hésite, se perd dans des tourbillons lointains, l'esprit vagabonde, perplexe. Il éprouve des remords sans les associer à aucune cause ; du chagrin, sans identifier aucun événement triste ; d'intenses désirs inassouvis dont il ne formule pas l'objet ; mais lorsque la grande vague musicale s'élève dans un dessein résolu, soulevant les débris flottant pour les entraîner dans un même courant comme un esprit suprême dans l'acte glorieux de la création, alors les frustrations se dissolvent et les désirs sont satisfaits, la divine complétude de l'harmonie s'empare des sens et de l'esprit comme si l'univers et l'individu étaient en parfait accord, travaillant pour un but commun avec une perfection mécanique. De la même façon, certaines parties d'une journée en montagne peuvent nous laisser un sentiment d'inachevé ; nous doutons et tremblons; nous n'avançons pas comme des hommes déterminés à atteindre leur but ; nos plans fragiles échouent ; l'inconfort n'est plus accepté comme une vraie nécessité ; l'esprit et le corps semblent se trahir l'un l'autre : mais il arrive un moment où tout cela change, où nous retrouvons l'harmonie et la satisfaction. Alors l'individu est, en quelque sorte, submergé, non qu'il soit moins conscient, au contraire, sa conscience est particulièrement alerte et il parvient à une meilleure réalisation de lui-même que jamais auparavant. Ces moments d'expérience suprêmement harmonieuse ne nous quitteront plus, ils feront partie de nous. D'autres époques et d'autres scènes peuvent être convoquées pour éclairer notre chemin comme des revenants insaisissables; mais ceux qui naissent de l'accord suprême sont plus substantiels ; ce sont les vrais immortels. La sensation peut offrir à l'esprit des mélodies que l'on mémorise comme les grands airs d'une symphonie, nos lieux communs émotionnels.
Pour les alpinistes, elle peut convoquer aussi aisément une scène de montagne.
Mais encore une fois. Quelle est la valeur de notre expérience émotionnelle en montagne? Nous pouvons user de comparaisons pour montrer le sentiment que nous éprouvons, mais cette comparaison ne pourrait-elle pas s'appliquer avec un résultat similaire à d'autres domaines ?
Comme il serait troublé dans son froid mépris, l'alpiniste arrogant, si on lui murmurait à l'oreille : « Pourquoi ne pas laisser tomber et te lancer, disons, dans le football? » Si la remarque émanait d'un footballeur, l'alpiniste la prendrait bien sûr à la plaisanterie. C'est du moins la ligne que j'adopterais moi-même, et je ne peux pas imaginer que, par exemple, un président de l'Alpine Club, s'il était ainsi sollicité par le fonctionnaire correspondant de la Football Association, puisse en adopter une autre. Mais supposons que la suggestion soit le fait d'un membre du Club - en remplaçant le football par le golf pour éviter le ridicule -, imaginez la juste et majestueuse colère de l'intéressé ! Et pourtant il convient de se demander si les footballeurs, les golfeurs, etc., de ce monde n'ont pas une expérience semblable à la nôtre. L'équipement des sportifs est fait pour suggérer que ce n'est pas le cas; mais si nous voulons rechercher la vérité de tout notre cœur, nous devons à tout prix aller plus loin, voir ce qui se cache au-delà des visages et de l'habit, Heureusement, étant moi-même sportif, je connais leurs véritables sentiments; il me paraît évident que la grande majorité d'entre eux ont des expériences similaires à celles des alpinistes.
C'est tout à fait clair pour moi, et même trop. Le fait que les sportifs deviennent des êtres si émotionnels quand il s'agit de leur sport est à la fois si étrange et si vrai qu'on pourrait passer sa vie à le vérifier. On s'attarderait avec plaisir sur les curiosités du jargon, les manières extravagantes - cordialité barbare, esprit chevaleresque sincère ou non.. si tant est qu'il existe une différence - ou les expressions faciales des différentes espèces du genre.
On voit alors combien tous ont un même objectif: dissimuler la profondeur de leurs sentiments réels. Mais il faudrait du temps pour apprécier ces questions à leur juste mesure, et je dois les mettre de côté pour le moment. Les simples faits me suffisent ici. L'exaltation des sportifs face au succès, leur dépression dans l'échec, leur vivacité bavarde dans l'anecdote - tels sont les grands symptômes qui donnent à voir le jeu élémentaire des émotions chez tous les types de pratiquants. Les footballeurs, les joueurs de cricket, les golfeurs, tous ceux qui lancent ou frappent des balles.. bref les cent trente et une espèces de sportifs rêvent jour et nuit comme rêve l'alpiniste. Les prodiges sphéroïdes sont immortels, chacun en sa paroisse. Le titre revient au héros qui, au culmen de l'événement, frappe avec une suprême habileté un objet rond et inanimé. Et toute la grande race de chasseurs, dans plus d'un pays, les hommes qui chassent les poissons, les oiseaux et les bêtes selon leur espèce, de la perche à l'anguille tachetée, du gras faisan à l'alouette ou la grive délicate, du cerf de la forêt voisine au monstre de la jungle, tous les chasseurs rêvent de tuer des animaux petits ou grands, doux ou féroces.
Le sport fait partie de l'expérience émotionnelle des sportifs, comme l'alpinisme pour les alpinistes.
Comment alors distinguer émotionnellement l'alpiniste
du sportif ?
La grande majorité des hommes sont, en un sens, artistes ; certains sont actifs et créatifs, d'autres s'expriment passivement.
Il ne fait aucun doute que ceux qui créent diffèrent fondamentalement de ceux qui ne créent pas ; mais ils ont en commun cet élan artistique: tous désirent exprimer le côté émotionnel de leur nature. Le comportement de ceux qui se consacrent aux formes supérieures de l'art le montre bien. C'est peut-être dans les arts de la scène, théâtre, danse, musique que cela est le plus clair. Sont artistes non seulement ceux qui jouent, mais aussi ceux qui sont émus par le spectacle. Les artistes, en ce sens, ne se distinguent pas par le pouvoir d'exprimer des émotions, mais par le pouvoir de ressentir cette expérience émotionnelle à partir de laquelle l'Art est fait. Nous le reconnaissons lorsque nous qualifions certains individus d'artistiques, même s'ils n'ont aucune prétention à créer de l'Art. Les alpinistes arrogants sont tous artistiques, indépendamment de toute autre considération, car ils cultivent l'expérience émotionnelle pour elle-même ; et les sportifs le sont pour la même raison. Il n'est pas paradoxal d'affirmer que tous les sportifs - les vrais sportifs, je veux dire - sont artistiques; il s'agit simplement d'utiliser ce terme logiquement, comme il doit l'être. Une grande partie du genre humain est concernée par cette épithète à la fois vague et spécialisée. Aucune différence de nature ne sépare l'individu que l'on dit communément artistique du sportif que l'on suppose ne pas trop l'être. Au contraire, le sportif est un type d'artiste reconnaissable. Des que le plaisir est recherché non pas pour sa satisfaction directe - comme il l'est en ce moment par la cuisinière d'en bas, qui discute avec la poissonnière alors que je sais qu'elle devrait arroser le rôti -, mais pour un objet plus lointain et émotionnel, il participe de la nature de l'Art. Cette distinction peut aisément être perçue dans le monde du sport. Elle correspond à la différence entre celui qui se satisfait d'aller ramer parce qu'il aime l'exercice, ou la sensation d'être en bateau sur l'eau, ou veut utiliser la voie des eaux pour se rendre où il désire, et celui qui s'entraîne pour une course; la différence entre taper du pied dans un ballon et jouer un match de football; * la différence entre monter à cheval près de chez soi ou monter à courre. Assurément, ni le sportif ni l'alpiniste ne peuvent être accusés de rechercher simplement leur plaisir. Tous deux sont artistes; et le fait qu'il ait en vue une expérience émotionnelle ne distingue pas l'alpiniste, pas même du passionné de football
Mais il y a l'art et l'Art. Il est possible de faire une distinction entre les artistes. Sans classification exacte ni ordre de mérite, nous faisons habituellement cette différence :
•les « beaux-arts » sont probablement qualifiés ainsi parce que nous considérons que tous les arts ne sont pas beaux.
L'épithète artistique est généralement réservée à ceux dont le sens artistique est considéré comme développé à un degré particulier.
C'est précisément en faisant ces distinctions que nous pouvons préciser ce que nous cherchons à déterminer: la valeur de l'alpinisme dans l'ensemble de notre expérience émotionnelle. A quelle partie du sens artistique de l'homme appartient l'alpinisme? A la partie qui lui permet d'être ému par la musique ou la peinture, ou à la partie qui lui fait apprécier un jeu ?
En posant ainsi la question, on perçoit d'emblée l'abîme qui sépare l'arrogant montagnard du sportif. Il semblait tout à fait naturel de comparer une journée dans les Alpes à une symphonie.
Pour les alpinistes de mon genre, l'alpinisme s'y prête à juste titre; mais aucun sportif ne pourrait ou ne voudrait prétendre à cela pour le cricket, la chasse, ou son sport, quel qu'il soit.
Il reconnaît l'existence du sublime dans le grand Art, et sait, même s'il ne peut pas le ressentir, que sa manière de toucher au cœur est tout autre et plus vaste. Les alpinistes, eux, n'admettent aucune différence sur le plan émotionnel entre l’alpinisme et l'Art. Ils prétendent que quelque chose de sublime est l'essence même de l'alpinisme. Ils peuvent comparer l'appel des cimes à une mélodie merveilleuse, et la comparaison n'est pas ridicule.
George Leigh Mallory. (1914). The Mountaineer as Artist. The Climbers Club Journal, (No 3), 28-40. https://climbers-club.co.uk/history/journals, https://ccjournals.ams3.digitaloceanspaces.com/1914%20No%203_web.pdf
In 1914 George Mallory, later to become famous for an offhand definition of why
people climb, wrote an article entitled 'The Mountaineer as Artist', which
appeared in the Climber's Club Journal. In an attempt to justify his climber's
feeling of superiority over other sportsmen, he asserts that the climber is an
artist. He says that "a day well spent in the Alps is like some great symphony,"
and justifies the lack of any tangible production - for artists are generally
expected to produce works of art which others may see - by saying that "artists,
in this sense, are not distinguished by the power of expressing emotion, but the
power of feeling that emotional experience out of which Art is made...
mountaineers are all artistic... because they cultivate emotional experience for
its own sake." While fully justifying the elevated regard we have for climbing as
an activity, Mallory's assertion leaves no room for distinguishing the creator of
a route from an admirer of it. Mountaineering can produce tangible artistic
results which are then on public view. A route is an artistic statement on the
side of a mountain, accessible to the view and thus the admiration or criticism of
other climbers. Just as the line of a route determines its aesthetics, the manner
in which it was climbed constitutes its style. A climb has the qualities of a work
of art and its creator is responsible for its direction and style just as an
artist is. We recognize those climbers who are especially gifted at creating
forceful and aesthetic lines, and respect them for their gift.
But just as Mallory did not go far enough in ascribing artistic functions to the
act of creating outstanding new climbs, so I think he uses the word 'artist' too
broadly when he means it to include an aesthetic response as well as an aesthetic
creation. For this response, which is essentially passive and receptive rather
than aggressive and creative, I would use the word visionary. Not visionary in the
usual sense of idle and unrealizable dreaming, of building castles in the air, but
rather in seeing the objects and actions of ordinary experience with greater
intensity, penetrating them further, seeing their marvels and mysteries, their
forms, moods, and motions. Being a visionary in this sense involves nothing
supernatural or otherworldly; it amounts to bringing fresh vision to the familiar
things of the world. I use the word visionary very simply, taking its origins from
'vision', to mean seeing, always to great degrees of intensity, but never beyond
the boundaries of the real and physically present. To take a familiar example, it
would be hard to look at Van Gogh's Starry Night without seeing the visionary
quality in the way the artist sees the world. He has not painted anything that is
not in the original scene, yet others would have trouble recognizing what he has
depicted, and the difference likes in the intensity of his perception, hear of the
visionary experience. He is painting from a higher state of consciousness.
Climbers too have their 'Starry Nights'. Consider the following, from an account
by Allen Steck, of the Hummingbird Ridge climb on Mt. Logan: "I turned for a
moment and was completely lost in the silent appraisal of the beautiful sensuous
simplicity of windblown snow." The beauty of that moment, the form and motion of
the blowing snow was such a powerful impression, was so wonderfully sufficient,
that the climber was lost in it. It is said to be only a moment, yet by virtue of
total absorption he is lost in it and the winds of eternity blow though it. A
second example comes from the account of the seventh day's climbing on the eight-
day first ascent, under trying conditions, of El Capitan's Muir Wall. Yvon
Chouinard relates in the 1966 American Alpine Journal:
With the more receptive senses we now appreciated everything around us. Each
individual crystal in the granite stood out in bold relief. The varied shapes of
the clouds never ceased to attract our attention. For the first time we noticed
tiny bugs that were all over the walls, so tiny they were barely noticeable. While
belaying, I stared at one for fifteen minutes, watching him move and admiring his
brilliant red color.
How could one ever be bored with so many good things to see and feel? This unity
with our joyous surrounding, this ultra-penetrating perception gave us a feeling
of contentment that we had not had for years.
In these passages the qualities that make up the climber's visionary experience
are apparent; the overwhelming beauty of the most ordinary objects - clouds,
granite, snow - of the climber's experience, a sense of the slowing down of time
even to the point of disappearing, and a "feeling of contentment" an oceanic
feeling of the supreme sufficiency of the present. And while delicate in
substance, these feelings are strong enough to intrude forcefully in to the middle
of dangerous circumstances and remain there, temporarily superseding even
apprehension and drive for achievement.
Chouinard's words begin to give us an idea of the origin of these experiences as
well as their character. he begins by referring to "the more receptive senses."
What made their sense more receptive? It seems integrally connected wit what they
were doing, and that it was their seventh day of uninterrupted concentration.
Climbing tends to induce visionary experiences. We should explore which
characteristics of the climbing process prepare its practitioners for these
experiences.
Climbing requires intense concentration. I know of no other activity in which I
can so easily lose all the hours of an afternoon without a trace. Or a regret. I
have had storms creep up on me as if I have been asleep, yet I knew the whole time
I was in the grip of an intense concentration, focused first on a few square feet
of rock, and then on a few feet more, I have gone off across camp to boulder and
returned to find the stew burned. Sometimes in the lowlands when it is hard to
work I am jealous of how easily concentration coms in climbing. This concentration
may be intense, but it is not the same as the intensity of the visionary periods;
it is a prerequisite intensity.
But the concentration is not continuous. It is often intermittent and sporadic,
sometimes cyclic and rhythmic. After facing the successive few square feet of rock
for a while, the end of the rope is reached and it is time to belay. The belay
time is a break in the concentration, a gap, a small chance to relax. The climber
changes from an aggressive and productive stance to a passive and receptive one,
from doer to observer, and in fact from artist to visionary. The climbing day goes
on through the climb-belay-climb-belay cycle by a regular series of concentrations
and relaxations. It is of one of these relaxations that Chouinard speaks. when
limbs go to the rock and muscles contract, then the will contracts also. And and
the belay stance, tied in to a scrub oak, the muscles relax and the will also,
which has been concentrating on moves, expands and takes in the world again, and
the world is new and bright. It is freshly created, for it really had ceased to
exist. By contrast, the disadvantage of the usual low-level activity is that it
cannot shut out the world, which then never ceases being familiar and is thus
ignored. To climb with intense concentration is to shut out the world, which, when
it reappears, will be as a fresh experience, strange and wonderful in its newness.
These belay relaxations are not total; the climb is not over, pitches lie ahead,
even the crux; days more may be needed to be through. We notice that as the cycle
of intense contraction takes over, and as this cycle becomes the daily routine,
even consumes the daily routine, the relaxations on belay yield more frequent or
intense visionary experiences. It is no accident that Chouinard's experiences
occurred near the end of the climb; he had been building up to them for six days.
The summit, capping off the cycling and giving a final release from the tension of
contractions, should offer the climber some of his most intense moments, and a
look into the literature reveals this to be so. The summit is also a release from
the sensory desert of the climb; from the starkness of concentrating on
configurations of rock we go to the visual richness of the summit. But there is
still the descent to worry about, another contraction of will to be followed by
relaxation at the climb's foot. Sitting on a log changing from klittershoes into
boots, and looking over the Valley, we are suffused with oceanic feelings of
clarity, distance, union, oneness. There is carryover from one climb to the next,
from one day on the hot white walls to the next, however, punctuated by wine dark
evenings in Camp 4. Once a pathway has been tried it becomes more familiar and is
easier to follow the second time, more so on subsequent trips. The threshold has
been lowered. Practice is as useful to the climber's visionary faculty as to his
crack technique. It also applies outside of climbing. In John Harlin's words,
although he was speaking about will and not vision, the experience can be
"borrowed and projected." It will apply in the climber's life in general, in his
flat, ground and lowland hours. But it is the climbing that has taught him to be a
visionary. Lest we get too self-important about consciously preparing ourselves
for visionary activity, however, we remember that the incredible beauty of the
mountains is always at hand, always ready to nudge us into awareness.
The period of these cycles varies widely. If you sometimes cycle through lucid
periods from pitch to pitch or even take days to run a complete course, it may
also be virtually instantaneous, as, pulling up on a hold after a moment's
hesitation and doubt, you feel at once the warmth of sun through your shirt and
without pausing reach on.
Nor does the alteration of consciousness have to be large. A small change can be
profound. The gulf between looking without seeing and looking with real vision is
at times of such a low order that we may be continually shifting back and forth in
daily life. Further heightening of the visionary faculty consists of more deeply
perceiving what is already there. Vision is intense seeing. Vision is seeing what
is more deeply interfused, and following this process leads to a sense of ecology.
It is an intuitive rather than a scientific ecology; it is John Muir's kind,
starting not from generalizations for trees, rocks, air, but rather from that
tree with the goiter part way up the trunk, from the rocks as Chouinard saw them,
supremely sufficient and aloof, blazing away their perfect light, and from that
air which blew clean and hot up off the eastern desert and carries lingering
memories of snow fields on the Dana Plateau and miles of Tuolumne treetops as it
pours over the rim of the Valley on its way to the Pacific.
These visionary changes in the climber's mind have a physiological basis. The
alternation of hope and fear spoken of in climbing describes an emotional state
with a biochemical basis. These physiological mechanisms have been used for
thousands of years by prophets and mystics, and for a few centuries by climbers.
There are two complementary mechanisms operating independently: carbon dioxide
level and adrenalin breakdown products, the first keyed by exertion, the second by
apprehension. During the active part of the climb the body is working hard,
building up its CO2 level (oxygen debt) and releasing adrenalin in anticipation of
difficult or dangerous moves, so that by the time the climber moves into belay at
the end of the pitch he has established an oxygen debt and a supply of now
unneeded adrenalin. Oxygen debt manifests itself on the cellular level as lactic
acid, a cellular poison, which may possibly be the agent that has a visionary
effect on the mind. Visionary activity can be induced experimentally by
administering CO2, and this phenomenon begins to explain the place of singing and
long-winded chanting in the medieval Church as well as breath-control exercises of
Eastern religions. Adrenalin, carried to all parts of the body through the blood
stream, is an unstable compound and if unused, soon begins to break down. Some of
the visionary experience; in fact, they are naturally occurring body chemicals
which closely resemble the psychedelic drugs, and may help someday to shed light
on the action of these mind-expanding agents. So we see that the activity of the
climbing, coupled with its anxiety, produces a chemical climate in the body that
is conducive to visionary experience. There is one other long-range factor that
may begin to figure in Chouinard's example: diet. Either simple starvation or
vitamin deficiency tends to prepare the body, apparently by weakening it, for
visionary experiences. Such a vitamin deficiency will result in a decreased level
of nicotinic acid, a member of the B-vitamin complex and a known anti-psychedelic
agent, thus nourishing the visionary experience. Chouinard comments on the low
rations at several points in his account. For a further discussion of physical
pathways to the visionary state, see Aldous Huxley's two essays, 'The Doors of
Perception' and 'Heaven and Hell.'
There is an interesting relationship between the climber-visionary and his
counterpart in the neighboring subculture of psychedelic drug users. These drugs
are becoming increasingly common and many young people will come to climbing from
a visionary vantage point unique in its history. These drugs have been through a
series of erroneous names, based on false models of their action: psychotomimetic
for a supposed ability to produce a model psychosis, and hallucinogen , when the
hallucination was thought to be the central reality of the experience. Their
present names means simply 'mind manifesting,' which is at least neutral. These
drugs are providing people with a window into the visionary experience. They come
away knowing that there is a place where the objects of ordinary sensations remind
them of many spontaneous or 'peak' experiences and thus confirm or place a
previous set of observations. But this is the end. There is no going back to the
heightened reality, to the supreme sufficiency of the present moment. The window
has been shut and cannot even be found without recourse to the drug.
I am not in the least prepared to say that drug users take up climbing in order
to search for the window. It couldn't occur to them. Anyone unused to disciplined
physical activity would have trouble imagining that it produced anything but
sweat. But when the two cultures overlap, and a young climber begins to find
parallels between the visionary result of his climbing discipline and his formerly
drug-induced visionary life, he is on the threshold of control. There is now a
clear path of discipline leading to the window. It consists of the sensory desert,
intensity of concentrated effort, and rhythmical cycling of contraction and
relaxation. This path is not unique to climbing, of course, but here we are
thinking of the peculiar form that the elements of the path assume in climbing. I
call it the Holy Slow Road because, although time consuming and painful, it is an
unaided way to the visionary state; by following it the climber will find himself
better prepared to appreciate the visionary in himself, and by returning gradually
and with eyes open to ordinary waking consciousness he now knows where the window
lies, how it is unlocked, and he carries some of the experience back with him. The
Holy Slow Road assures that the climber's soul, tempered by the very experiences
that have made him a visionary, has been refined so that he can handle his
visionary activity while still remaining balanced and active (the result of too
much visionary activity without accompanying personality growth being the dropout,
an essentially unproductive stance). The climbing which has prepared him to be a
visionary has also prepared the climber to handle his visions. This is not,
however, a momentous change. It is still as close as seeing instead of mere
looking. Experiencing a permanent change in perception may take years of
discipline.
A potential pitfall is seeing the 'discipline' of the Holy Slow Road in the iron-
willed tradition of the Protestant ethic, and that will not work. The climbs will
provide all the necessary rigor of discipline without having to add to it. And as
the visionary faculty comes closer to the surface, what is needed is not an effort
of discipline but an effort of relaxation, a submission of self to the wonderful,
supportive, and sufficient world.
I first began to consider these ideas in the summer of 1965 in Yosemite with
Chris Fredricks. Sensing a similarity of experience, or else a similar approach to
experience, we sat many nights talking together at the edge of the climbers' camp
and spent some of our days testing our words in kinesthetic sunshine. Chris had
become interested in Zen Buddhism, and as he told me of this Oriental religion I
was amazed that I had never before heard of such a system that fit the facts of
outward reality as I saw them without any pushing or straining. We never, that I
remember, mentioned the visionary experience as such, yet its substance was rarely
far from our reflections. We entered into one of those find parallel states of
mind such that it is impossible now for me to say what thoughts came from which of
us. We began to consider some aspects of climbing as Western equivalents of
Eastern practices; the even movements of the belayer taking in slack, the regular
footfall of walking through the woods, even the rhythmic movements of climbing on
easy or familiar ground' all approach the function meditation and breath-control.
Both the laborious and visionary parts of climbing seemed well suited to
liberating the individual from his concept of self, the one by intimidating his
aspirations, the other by showing the self to be only a small part of a subtle
integrated universe. We watched the visionary surface in each other with its
mixture of joy and serenity, and walking down from climbs we often felt like
little children in the Garden of Eden, pointing, nodding, and laughing. We
explored timeless moments and wondered at the suspension of ordinary consciousness
while the visionary faculty was operating. It occurred to us that there was no
remembering such times of being truly happy and at peace; all that could be said
of them later was that they had been and that they had been truly fine; the usual
details of memory were gone. This applies also to most of our conversations. I
remember only that we talked and that we came to understand things. I believe it
was in these conversations that the first seeds of the climber as visionary were
planted.
William Blake has spoken of the visionary experience by saying, "If the doors of
perception were cleansed everything would appear to man as it is, infinite."
Stumbling upon the cleansed doors, the climber wonders how he came into that
privileged visionary position vis-a-vis the universe. He finds the answer in the
activity of his climbing and the chemistry of his mind and he begins to see that
he is practicing a special application of some very ancient mind-opening
techniques. Chouinard's vision was no accident. It was the result of days of
climbing. He was tempered by technical difficulties, pain, apprehension,
dehydration, striving, the sensory desert, weariness, the gradual loss of self. It
is a system. You need only copy the ingredients to commit yourself to them. They
lead to the door. It is not necessary to attain to Chouinard's technical level -
few can do - only to his degree of commitment. It is not essential that one climb
El Capitan to be a visionary; I never have, yet I try in my climbing to push my
personal limit, to do climbs that are questionable for me. Thus we all walk the
feather edge - each man his own unique edge - and go on to the visionary. For all
the precision with which the visionary state can be placed and described, it is
still elusive. You do not one day become a visionary and ever after remain one. It
is a state that one flows in and out of, gaining it through directed effort or
spontaneously in gratuitous moment. Oddly, it is not consciously worked for, but
come as the almost accidental product of effort in another direction and on a
different plane. It is at its own whim momentary or lingering suspended in the
air, suspending time in its turn, forever momentarily eternal, as, stepping out of
the last rappel you turn and behold the rich green wonder of the forest.
Doug Robinson. (1969). The Climber as Visionary. Ascent.
"Vedy clean, vedy clean" - Pablo Casals There is a word for it, and the word is clean. Climbing with only nuts and runners for protection is clean climbing. Clean because the rock is left unaltered by the passing climber. Clean because nothing is hammered into the rock and then hammered back out, leaving the rock scarred and the next climber's experience less natural. Clean because the climber's protection leaves little track of his ascension. Clean is climbing the rock without changing it; a step closer to organic climbing for the natural man. In Britain after thousands of ascents of the popular routes, footholds are actually becoming polished but the cracks that protect them are unscarred and clean. The "Nutcracker" in Yosemite, which was deliberately and with great satisfaction climbed clean on the first ascent, doesn't have polished holds yet, but has obviously been climbed often and irreverently; some section of crack are continuous piton scars for several feet. It can still be done with nuts - they even fit in some of the pin scars - but no one will be able to see this beautiful piece of rock the way the first ascent party did. It didn't have to happen that way. It could still be so clean that only a runner-smooth ring at the base of trees and a few bleached patches where lichen had been worn off would be the only sign that hundreds had passed by. Yet the same hundreds who have been there and hammered their marks could still have safely climbed it because nut placements were, and are frequent, logical and sound. In Yosemite pins have traditionally been removed in an effort to keep the climbs pure and as close as possible to their natural condition. The long term effects of this ethic are unfortunately destructive to cracks and delicate flake systems. This problem is not unique to Yosemite; it's being felt in all heavily used areas across the country. In the Shawangunks a popular route can be traced not by connecting the logical weaknesses, but by the line of pitons and piton holes up the cliff. As climbers, it is our responsibility to protect this part of the wilderness from human erosion, Clean climbing is a method we can use to solve this serious problem. A guide for clean climbers is here presented.
RUNNERS A length of tubular webbing or perion rope is easily tied into a loop forming one of the most versatile of natural protections - the runner. Normal single length runners can be constructed from about 6 feet of rope or webbing. Double and triple length runners require approximately 10 and 14 feet respectively. Traditionally, these loops have been tied with a Ring Bend which is simple but must be constantly watched because of the slippery tendency of nylon web and rope to untie themselves, especially when wet. A more secure knot that can be tied once for the life of the runner and can be used for both perion rope and thick tubular webbing is the Double Fisherman's Bend or Grapevine Knot (Figure 1). Runners are carried over the shoulder and under the opposite arm. In use they are looped over or around anything in sight; blocks, bulges, and bushes, chockstones and chickenheads, knobs, spikes, flakes and trees. For this reason a variety in both material and lengths of runners should be carried. All tubular webbing from 1/2"' through 1" and rope diameters from 5 or 6mm through about 8 mm are useful in fitting varying situations. The smallest sizes (1/2" and 5mm) will provide interim protection in tight threading situations. The loop strength of Chouinard 9/16" web and 7mm rope are adequate for most protection needs and 1 inch and 8mm are bombproof (see Tables E and F). A doubled runner will normally have twice the loop strength indicated. A common mistake is not having enough runners along; a dozen is not too many. Hero Loops or small runners can be used for the fine work in tying off rock spikes, nubbins, rugosities, and twigs (9/16" web is preferred for protection). Large blocks and chockstones can be tied off with a chain of runners looped together or with double or triple runners which can be carried over the shoulder in loops of two or three coils, kept even by a carabiner. Historically, runners have been commonly used in reducing the rope drag produced by out of the way protection. When climbing clean this role of smoothing out the line of the climbing rope behind the leader is even more important because the addition of a runnerwill heip protect nuts from being bounced or jerked out of the crack by the climbing rope. A runner makes a nut more secure. Sometimes runner placements themselves are insecure. For instance a placement that would easily hold the heavy downward pull of a fall might be very susceptible to a light side pull from the climbing rope. Another runner can be attached but sometimes the security can be greatly improved by wedging a pebble or nut into the crack above the runner to hold it into place. At other times extra security can be obtained by jamming the knot of the runner into place. Placements on slippery bulges might be improved by tying a slipknot in one end of the runner, then cinching it up as in Figure 2. In extra ticklish situations, British climbers have used even adhesive tape to hold runners in place on small rock spikes. Clean climbing demands vision and an awareness of the rock. On the equipment side, runners form the basis for protection. They were all that was available to clean climbing Englishmen before the advent of portable and artificial chockstones. In a like manner, they are the foundation of the modern clean climber's repertoire.
MAKE THE ROCK HAPPY - USE A NUT To plaçe a nut you must begin by thinking about the shape of cracks. Right from the start clean climbing demands increased awareness of the rock environment. Consider the taper of a crack. Is it converging, that is, flared in reverse, wider inside than at the lip? Or it may be parallel-sided with an even width. Or at the other extreme, flared. Converging cracks are easiest to fit; find a wide spot up high and drop the nut in behind. Beware of the nut falling out the bottom, however, or breaking through a thin-lipped crack. Flared cracks are easy too, usually unfittable. But important exceptions have been known, chiefly in the form of knobs or bulges in the crack which will take a nut behind or above, Also, don't overlook the possibility of fitting a much smaller nut far back in the dark recesses of the crack. The usual nut placement is in a vertical crack. Find a section of the crack that closes downward; that is, where the crack is wide above, narrower below. Select the right size nut, place it into the wide section of the crack, and carefully locate it where the crack narrows. Then give the sling a stout downward jerk to wedge the nut securely in place, Inspect the placement for adequate constriction of the crack and test the nut's security (the degree to which it can resist being accidentally dislodged by the climbing rope) by giving an appropriately light outward jerk on the sling. Nuts have the advantage over pitons in that they are more naturally at home in vertical placements. This is their normal environment as it is for the chockstones from which they derive. But the crack may not have any obvious wide-to-narrow placements. Often the difference between sliding and setting is so subtle that it can hardly be seen and is easier felt. This is especially true in granite where cracks are quite uniform and nuts were first thought relatively useless. For these trickier fittings it is helpful to have a good selection of nuts within a given size range; a small variation can be crucial. Pick the largest nut that will just fit in the crack (for Hexentrics remember that a change of attitude will slightly change the size) and work it downward until it hopefully lodges. Test it with a jerk, but avoid testing it too vigorously which will only make it harder to remove as it inches into tighter placement. Non-granite rocks have other structures to tempt the clean climber. Limestone and sandstone often have pockets that are partly closed off on the surface - sort of inverse chickenheads - that can sometimes be fitted with a nut inserted endwise and turned to wedge. To complete the range of silent protection do not overlook the potential of using certain sizes of pitons as nuts. Two general classes are possible. (1) Bongs function very well as large chocks. When used in this manner they are normally placed pointing downward with a runner threaded either through the lower lightening holes (Figure 3) or around the entire Bong as if it were a natural chockstone. Also, because they have an end taper, bongs can be wedged lengthwise in six-inch wide cracks, (Figure 4). (2) Long horizontal pitons can oftentimes be placed in cracks without the use of a hammer and have great holding power, especially in horizontal cracks. If used this way in vertical cracks, select a locally wider section of the crack or an area where the rugosities of the crack will grip the piton near each end of the blade and prevent it from rotating or shifting downward. The employment of innovative techniques such as these can turn the occasional compromise situation into good clean climbing! Finally, a few special cases. Sometimes a crack within a crack will hold a nut when the main crack won't. Very shallow or bottoming cracks or irregularities on the surface of the rock that aren't really cracks will sometimes hold a nut. Shallow cracks can more often be fitted with nuts than with pitons because a nut doesn't necessarily have to be deep to be strong. Slots on the surtace of the rock that would take only the most extreme nest of pins and then only for aid will sometimes perfectly hold a happy nut. A nut may even fit between knobs on the surface of the rock; a three-nut nest has been seen set between two knobs that was good enough for aid. Surely more imaginative ways of using them will appear.
RACKING The success of many methods of carrying nuts will depend largely upon the length of the slings. Three length categories exist (see Table C) Nuts with long slings can be carried in the same manner as runners, over the shoulder and under the opposite arm. This is probably the best carry for extremely large nuts such as Hexentrics No. 9 and No. 10. Medium length slings can be carried around the neck, necklace fashion. This is an excellent quickdraw position, but if more than a few nuts are carried this way the slings will become tangled as well as block the view of your feet. In this country the most common method is to fix the nut with a short sling and carry them clipped onto the normal hardware loop. If a large number of nuts are being carried two cleanware loops can be worn, one on each side, since the hammer will either be little used or not carried. The British carry their chocks in a variety of ways. A common one is on the equipment loops of their climber's belt or harness. Nuts with medium and sometimes even long slings can be successfully carried in this manner because this attachment at the waist, as opposed to higher on the body, prevents their swinging out front when one leans forward. It also helps to spread the equipment out over the body and keeps it out of the way of runners and equipment carried elsewhere. This method of racking can be obtained without a complicated harness by clipping the chock slings directly onto loops of the Swami Belt or the loop of climbing rope around your waist. Nuts should be racked like pitons in an orderly manner, assorted in sizes from small to large for ready access. They can be racked one to a carabiner for quicker removal. With chocks as with pitons you will want to carry a range and proportion of sizes complementing the climb - but do not forget to allow for the 1/3 more frequently needed for security. The length and type of sling affects a nut's usage. Short slings are preferred for aid climbing. Medium and long length slings are useful for free climbing because of the greater security they provide. They also facilitate jerking the sling to set the chock securely in the crack. Chocks on short slings can be set by jerking with a bight of the climbing rope after it has been clipped in. Medium length slings on chocks that will occasionally be used for aid should be made long enough so that they can be shortened up with an overhand knot. Although rope slings are preferred because of their better handling characteristics, some webbing slings will be useful for fitting into highly constricting cracks. Wire slings are used in the smallest sized chocks to obtain strength. Chocks with wire slings have advantages in aid climbing and are easier to remove, but if they are not needed for strength reasons they should be avoided in general free climbing use because of their inherently low security.
PRACTICE The question sometimes arises of tapping a nut with the hammer to seat it in the crack. Probably a holdover from piton pounding, this practice will be found not so much harmful to the rock (which is the problem with pitons) as it is to the whole essence of clean climbing. It is a bad habit. Either you are climbing clean or you are not. As if summarizing the whole ethic of British climbing Joe Brown posed the question, "When does a chock become a peg?" This is a worthwhile guideline to remember, for clean climbing is as much a battle with temptation as it is with the mountain. The use of pitons on a clean climb is somewhat analogous to the placing of bolts on a peg route. They are both antagonistic to principle. The true object, as always, is not simply to get up things and check them off in our guidebook - - it is to challenge ourselves. You have not totally committed yourself to climbing clean if you still carry the hammer and pegs with which to rescue yourself when the going gets tough. Clean climbing requires judgment and an accurate knowledge of one's own limitations; and helps in the future development of these qualities. The best way to start climbing clean is to relearn climbing itself from the ground up. Begin once again on the easy climbs, committing yourself to clean principles, using only runners and chocks for pro-tection. As before, gradually raise your standard commensurate with the development of confidence in yourself and the new equipment. Setting up practice falling situations will help in this development. The mere abandonment of hammer and pitons on hard climbs without first building the necessary aptitude can be disastrous! In due course guidebooks will list climbs that can be protected with runners andchocks only, just as they now list those that can be climbed free. When so indicated ironmongery may be totally dispensed with; the full rewards of clean climbing will be yours. Technique is more useful than force in removing nuts. They must be maneuvered into a wider section of the crack where they can be withdrawn. The fingers or the sling on the nut can normally be used for this. Smaller sizes can sometimes be nudged out with a long thin piton, or the skinny pick of a crag hammer. Wired nuts are maneuverable by their wires. A few drops of epoxy glue, welding the wire to the nut, will allow pushing with the wire to facilitate removal. The ideal of clean climbing is to climb unencumbered by pitons and the hammer. This can safely be done in areas where chock cracks are plentiful and clean. The Sierra Nevada high country is such a place. Certain other areas will require a tool for one or more of the following uses: (1) cleaning dirt, weeds or moss from prospective nut cracks, (2) for use by the second in prying or nudging nuts from cracks, particularly nuts that have been used for aid. (3) Placing anchor pitons where for some reason, a secure, non directional anchor cannot be obtained with chocks and runners, and (4) testing fixed pitons. (It still is absolutely essential to test pitons in place with light downward blows of the hammer, because of their inherently lower stability than good center pull chocks, and because they cannot be inspected visually as can chocks.)
STRENGTH ... Seen through the eyes of a lifetime of pounding, with memories of pounding harder as the fear mounts, the notion of inserting protection with two fingers, and setting it with only a stout downward jerk, tastes of insecurity. For reassurance we need to look back to the homeland of nuts where Joe Brown says that "so many people have fallen on them and been held that they seem to be at least as safe as a normal sling on a flake or chockstone", which of course can be bombproof. He feels further that the use of nuts in England and Wales has been responsible for a decline in the number of accidents. And this in a country that uses them not occasionally or for convenience, but regularly almost universally, and by extension in many less than ideal settings. Note the following report regarding the use of a small ¼" size Clog nut in Wisconsin: "Just had to let you know that I think your wired tiny brass hex is one of the most wonderful products of modern technology extant. I took a thirty foot peel onto one and it held (with the help of an excellent belay)". It would be useless to speculate on the "normal" holding power of nuts since they depend so much on the configuration of the crack. Their ultimate strength in proper placements will depend on the break- ing strength of the rope or wire sling that attaches them to the rest of the climbing system, and this in turn depends primarily on the size of the hole in the nut. The approximate strengths of rope, wire, and webbing slings in nuts are listed in Tables A and B. The approximate strengths of runners (loops tested between two carabiners) are listed in Tables E and F. Good placements in turn depend not as might be thought on the rock, but rather on the inventiveness of the climber. ... AND SECURITY The strength and security of an anchor are not the same thing. Strength is the ability of an anchor to hold a fall. Security is its ability to stay put until the fall comes. Both should be considered in placing nuts. Security can also be obtained by doubling up nuts as explained under anchoring. left on the sling will weigh it down, helping to hold it in the crack. Extending the nut sling with a runner also helps. Of the nuts that fall or pop out of the crack behind an unhappy leader, ones on wire slings are the worst offenders, usually because the wire ends up acting as a lever magnifying rope movements to pry the nut loose. For this reason medium sized and larger nuts should be put on rope or webbing instead of wire; their flexibility prevents the lever-action blues. As a general rule nuts accepting 7 mm and larger slings are not wired. Nuts with 5 and 6 mm slings are used for protecting moves and are recommended over wired nuts for insecure placements where the latter would easily be pulled from the crack, This differentiation is not a sharp one but the sizes and strengths required for mild versus serious falls is thought to grade from the one into the other at about the 7 mm level. 1 Wired chocks should be tied off with a runner to act as a flexible connection between the still nut and the moving rope. (Figure 5). In order to retain the runner's full strength it must be clipped into the wire sling with a carabiner for if it is looped directly through the wire a serious reduction in runner strength can result as indicated in Table D. We have found that plastic covering over the wire does not appreciably increase the runner's strength. After taking all these precautions the fact will still remain that many nut placements, like the infamous psychological piton, will be neither strong nor secure. The British, of course, have already recognized this problem and have a solution. They employ as many shakey nuts as necessary (or at least as many as they can get!) to do the job. They average about 1/3 more nuts and runners on a pitch than would normally be used for protection with pitons, mindful that a few will fall out, and some that stay in probably would not hold. For example, as many as 20 nuts and threads can be, and sometimes are, fitted into the very difficult but unusually well protected 120 foot Cenotaph Corner in Llanberris Pass.
THE IMPORTANCE OF BEING ANCHORED Runners around trees share with pitons the quality of being non-directional anchors; pull on them any direction and you get held. Other runners and most nuts are more particular which way they are loaded - they are directional. A leader anticipating the specific direction he might be loading it, places his natural protection with that direction well in mind. But belay anchors are not so simple, and it is with these anchors that the natural climber must make the greatest effort and analysis. A belayer might be pulled down in a fourth class fall, up in a fifth class one, away from the rock or in a sequence of directions if the leader and he are unlucky. So the belayer must have a non-directional anchor, and in the absence of a handy tree or a permanent natural chockstone, he must construct it from directional tools. Ideally he will be sitting on a ledge with a converging crack at the back of it that can be chocked for a pull up or out. In this case a downward pull on the belayer would be felt as an outward one on the nut. Another method is to place a nut in a horizontal crack well to the side of the belay position, especially to the side away from a diagonal pitch, such that no force would come straight up or down on it without pulling sideways too. Mostly the answer to a bombproof belay will be several anchors set in opposition to each other so the re- sultant will hold a pull from any direction. The simplest example would be anchoring to a single vertical crack by placing one nut in the normal position for a downward pull and another somewhere below it upside down for an upward pull. The sling of the upper nut is run through the sling of the lower then clipped to the belay so a downward force is held directly on the upper nut, while an outward or upward force will pull the nuts toward each other making the anchor more secure as it gets loaded (Figure 7). Or the slings can be clipped together with a carabiner as in Figure 6. This same principle also works in a horizontal crack for anchoring and for protection where a single nut would not hold. This technique of opposing nuts can be adapted to many situations according to one's ingenuity. A nut and runner may be opposed, or two runners, three nuts... When the only possible opposing anchor points are too widely spaced to be effectively tied together, the belayer may tie-in separately to each of them, giving him one anchor for each of the possible directions he may be pulled. The belay anchor is the foundation of the climber's whole line of defense. It must be bombproof. It must be non-directional in order to safeguard a leader fall. Today's concept of extra long ropes and full length runouts is quite recent and local, being at first an adaptation to ledgeless routes in Yosemite and the ability of pitons to anchor virtually anywhere, and spreading from there by way of fashion. It is here that the natural climber will find it advisable to make a small readjustment in thinking. It is far more important to be well anchored than to make long pitches. And it is often more efficient time-wise to stop short and throw a sling over a block than run the rope out only to lose 10 minutes constructing an anchor. The British have recognized this as a part of climbing with natural protection. On English and Welsh crags pitches of 30 to 60 feet are common. Every well protected ledge is utilized as a belay stance. And the ease and quickness of placement and removal of runners and chocks make these short pitches even more practical. The clean climber may find, especially on crag climbs and alpine routes, including moving in coils, that a shorter rope of perhaps 120 feet would overall be more useful, economical, and convenient.
RELAX YOUR MIND, RELAX YOUR MIND, YOU'VE GOT TO RELAX YOUR MIND We could easily end here, having said a great deal already, but a few further implications demand notice at least. The use of nuts which begins by trying to solve some pressing environmental problems really ends in the realm of aesthetics and style. We won't pitch the aesthetics at you, only urge it once more to your atten-tion. The most important corollary of clean climbing is boldness, a trait long recognized and respected by, you guessed it, the British climbers. Where protection is not assured by a usable crack long unprotected runouts sometimes result, and the leader of commitment must be prepared to accept the risks and alternatives which are only too well defined. Personal qualities - judgment, concentration, boldness - the ordeal by fire, take precedence, as they should, over mere hardware. Pitons have their place in American climbing: aid would be very improbable without them, and many free routes will continue to need them as well. Leaving aside for now the problem of whether and how, and where they might be fixed to save the rock, we might speculate that their use in the future may be reduced to the more difficult routes. When going where cleanliness has been established the climber may leave his pitons home and gain a dividend of lightness and free-dom; but if on new ground, or the not yet clean, he can treat this unsavory equipment as the big wall climber does bolts, and leave them at the bottom of his rucksack, considering the implications as he brings them into use. There will be room for almost clean climbs that use few pins, but fixed ones, so carrying pins will still be necessary. Using pitons on climbs like the "Nutcracker" is degrading to the climb, its originator and the climber. Robbins must have been thinking of that climb when he wrote, "Better that we raise our skill than lower the climb." Pitons have been a great equalizer in American climbing. by liberally using them it was possible to get in over ones head, and by more liberally using them, to get out again. But every climb is not for every climber; the ultimate climbs are not democratic. The fortunate climbs protect themselves by being unprotectable and remain a challenge that can be solved only by boldness and commitment backed solidly by technique. Climbs that are forced clean by the application of boldness should be similarly respected, lest a climber be guilty of destroying a line for the future's capable climbers to satisfy his impatient ego in the present - by waiting he might become one of the future capables. Waiting is also necessary; every climb has its time, which need not be today. Besides leaving alone what one cannot climb in good stvle, there are some practical corollaries of boldness in free climbing. Learning to climb down is valuable for retreating from a clean and bold place that gets too airy. And having the humility to back off rather than continue in bad style - - a thing well begun is not lost. The experience cannot be taken away. By such a system there can never again be "last great problems" but only "next great problems." Carried out, these practices would tend to lead from quantitative to qualitative standards of climbing, an assertion that the climbing experience cannot be measured by an expression of pitches per hour, that a climb cannot be reduced to maps and decimals. That the motions of climbing, the sharpness of the environment, the climber's reactions are still only themselves, and their dividends of joy personal and private. After going as far with natural protection, and criticizing bolts in their turn as well, we must finally admit to still being, after all, a manufacturer of pitons, We are proud of our pitons and continue to refine their design and construction. If technical rockclimbing in places as Yosemite were still confined to the handful of residents and a few hundred occasional climbers who bought and used our first pitons then the switch to clean climbing would be purely a matter of individual preference for the aesthetic opportunities it offered, for silent climbing, lightness, simplicity, the joys of being unobtrusive. But the increased popularity of climbing is clearly being felt in the vertical wilderness, and if we are to leave any of it in climbable form for those who follow, many changes will be necessary. Cleanliness is a good place to start.
Doug Robinson. (1972). The Whole Natural Art Of Protection. Chouinard Equipment Catalog (No 72), 12-25. https://climbaz.com/chouinard72/chouinard.html
Beta is a climbing term that designates information about how to ascend a climbing route, and the specific climbing techniques required—and how to apply them—to overcome the key challenges encountered. Traditionally sourced in climbing guidebooks, online databases and apps now provide detailed climbing beta. The term is attributed to Texan climber Jack Mileski.
When a climber completes a route on their first attempt and without falling, it is called an onsight if they had no beta, or a flash if they had beta (a completion after several failed attempts is called a redpoint). New grade milestones in the on-sighting and flashing of routes are actively followed in the climbing media. The discovery of new beta has led to the re-grading of notable and historic climbing routes.
The original use of the term beta in climbing is generally attributed to the late Texan climber Jack Mileski, who climbed predominantly in the Shawangunks during the early 1980s. "Beta" is short for Betamax, an early videotape format since largely replaced by the VHS format. Reputedly, Mileski would record climbers ascending routes on Betamax tape and then share these tapes with other climbers, resulting in the term becoming synonymous with getting information on how to climb a route.*
*Mileski coined the term at the Gunks in 1981 when films were offered for home viewing in both VHS and Betamax formats. Let me run the 'Betamax' tape for you, Mileski once told Mike Freeman, describing the 5.12 Kansas City, and then added "So Mike, here's the beta!
Image : The late Jack Mileski copping in quick rest on the "jug" between the two bouldery cruxes of Clairvoyant (5.13b). Photo provided by and property of Jeff Gruenberg.
https://037200b.netsolhost.com/blog-page.php?Flashback-Jeff-Bones-Gruenberg-29
Samet, Matt (August 2011). The Climbing Dictionary: Mountaineering Slang, Terms, Neologisms & Lingo. Mountaineers Books. p. 30. ISBN 978-1594855023.
Pesterfield, Heidi (2007). Traditional Lead Climbing: A Rock Climber's Guide to Taking the Sharp End of the Rope (2nd ed.). Wilderness Press. p. 109. ISBN 978-0899974422.
Depuis plusieurs années avec Aster Verrier nous venons régulièrement profiter des multiples possibilités d'escalades qu'offre la Vallouise et plus particulièrement la vallée d'Ailefroide, elle a une situation géographique privilégiée permettant, depuis le hameau, de pratiquer la grande voie, l'escalade sportive, le bloc et l'alpinisme depuis des générations.
À l'extrémité du vallon, le "Pré de Mme Carle" est un des sites les plus fréquentés du Parc National des Écrins, le Glacier blanc et le Glacier Noir s'y rejoignaient au XIXème siècle, le lieu forme aujourd'hui un replat essentiellement minéral, quelques mélèzes et aulnes constituent la majorité de la végétation présente autour du parking.
Au cours de l'été 2020, nous repérons avec un profil de paroi atypique au cœur de l'ancienne réserve naturelle nationale de la haute vallée de Saint-Pierre, le long du chemin qui permet de se rendre au Pré de Mme Carle depuis le hameau d'Ailefroide.
Après avoir formulé une demande auprès du Parc National des Écrins, nous obtenons un permis d'exploration, il nous permettra d'accéder sur coinceurs à plusieurs sections de la paroi au cours de l'été 2021 - nous proposons alors un itinéraire au Parc, qui nécessitera d'être protégé avec un équipement permanent, la progression avec un équipement de protection amovible étant impossible sur les dalles compactes que nous avons rencontré lors de l'exploration.
L'ouverture de la voie fut réalisée en deux temps : à l'automne et au cours de l'été 2022, l'itinéraire a été équipé depuis le bas, il réunit des sections en dalles, verticales, traversées, léger dévers, dièdres... Nous avons cherché à réunir la typologie de mouvements et de styles la plus large possible pour en faire une chorégraphie variée, parfois surprenante. L'itinéraire ne "sort" pas au sommet de l'éperon, c'est un itinéraire d'escalade pour l'escalade...
Résumé publié sur camptocamp.org :
Ouverture : 2022 - Quentin Lazzareschi, Aster Verrier.
L'itinéraire étant situé dans la zone du Parc National des Écrins, un permis d'équipement a été délivré aux ouvreurs à l'issue d'une exploration sur coinceurs de la voie en 2021.
Approche : 40min
Depuis Ailedroide, suivre le sentier qui mène au Pré de Madame Carle. Après les secteurs de la Poire, marcher 15min en suivant le chemin. Le secteur se trouve juste après le panneau d'entrée du parc. Le départ de la voie se trouve deux lacets après le panneau.
Il est aussi possible d'accéder à la voie depuis le Pré de Madame Carle.
Voie :
L1 6b+ À quelques mètres du chemin, la voie remonte une large fissure évidente / dièdre. Puis on sort (sans tirer sur l'écaille) sur le début d'une dalle très compacte en suivant une veine de roche grummelante en surface.
L2 7b Longueur de dalle avec un début en traversée, le 1er crux est un pas de dalle juste après le relai pouvant facilement décontenancer les amoureux du dévers. R2 confortable sur une vire.
L3 7a+ Belle traversée technique après les quelques mètres verticaux du début, pour finir sur une proue verticale à l'allure vertigineuse. Bonne ambiance. R3 à la sortie sur la droite.
L4 6a+ Enfin du repos, après un petit réta pas commode, on a tout de même une bonne fissure pour le confort.
L5 6a Plus simple que la longueur précédente, le rocher moins compact offre des fissures horizontales, une échelle.
L6 6a+ C'est court et ça grimpe toujours bien, même style de dalle que les deux précédentes. R6 au niveau de l'arbre à la sortie.
L7 6c Large fissure permettant de remonter petit à petit en restant bien sur les pieds, adhérence recommandée. Attention, ça peut sonner creux !
https://www.camptocamp.org/routes/1687197/fr/vallee-d-ailefroide-contreforts-e-du-pelvoux-avalanche-de-grimpeurs
Route part.1
Route part.2
Route part.3
"La loi est inflexible : l'accès de la montagne, au-dessus des Prés-mouillés, me fut interdit pour trois ans. Après ces trois ans, je pouvais demander à repartir avec la première caravane, à condition toutefois d'avoir réparé les dégâts que mon acte aurait pu causer. Le coup était dur. Je m’efforçai de me refaire temporairement une vie à Port-des-Singes. Avec mon frère et mon fils, je me consacrai à la culture et à l'élevage, afin de fournir des provisions aux caravanes; et nous organisâmes aussi des compagnies de porteurs qui pouvaient louer leurs services jusqu'à la région interdite. Ainsi, tout en gagnant notre vie, nous restions en relations avec les gens de la montagne. Bientôt mon frère fut mordu, lui aussi, du besoin de partir, de ce besoin des hauteurs qui vous prend comme un poison. Mais il décida qu'il ne partirait pas sans moi et voulut attendre l'expiration de ma peine. » Enfin ce jour vint! Je portais fièrement, dans une cage, un gros rat de roche que j'avais facilement capturé et que je laisserais en passant à l'endroit où j'avais tué l'autre, — puisque je devais « réparer les dégâts ». Hélas, les dégâts allaient seulement commencer à se montrer. Comme nous quittions les Prés-mouillés, au lever du soleil, un bruit terrifiant retentit. Toute la pente de la montagne, qui n'était pas encore coupée par la grande cascade, croulait, éclatait, fusait en avalanches de pierres et de boue. Une cataracte d'eau mêlée de blocs de glace et de rocher tombait de la langue de glacier qui dominait cette pente, et se creusait des chemins dans le flanc de la montagne. Le sentier, qui, à cette époque, montait dès la sortie des Prés-mouillés pour aller traverser la pente beaucoup plus haut, était détruit sur une très grande longueur. Pendant plusieurs jours, les éboulements, les jaillissements d'eau et de boue, les glissements de terrain se succédèrent, et nous étions bloqués. La caravane redescendit à Port-des-Singes pour s'y équiper en vue de dangers imprévus, et chercha un nouveau chemin vers les chalets de la Base, par l'autre rive - chemin très long, scabreux et difficile, sur lequel plusieurs hommes périrent. On m'avait interdit de repartir, jusqu'à ce qu'une commission de guides ait déterminé les causes de la catastrophe. Au bout d'une semaine, je fus convoqué devant cette commission, qui déclara que j'étais le responsable de ce désastre, et que, en vertu du premier jugement, je devais réparer les dégâts. »
Je fus abasourdi. Mais on m'expliqua comment les choses s'étaient passées, d'après l'étude faite par la commission. Voici ce qui me fut expliqué, — impartialement, objectivement, et je puis même dire aujourd'hui avec bonté, mais d'une façon catégorique. Le vieux rat que j'avais tué se nourrissait principalement d'une sorte de guêpe abondante en cet endroit. Mais, à son âge surtout, un rat de roche n'est pas assez agile pour attraper les guêpes au vol; aussi ne mangeait-il guère que les malades et les débiles qui se traînaient à terre et s'envolaient difficilement. Ainsi il détruisait les guêpes porteuses de tares ou de germes qui, par hérédité ou par contagion, auraient, sans son intervention inconsciente, répandu de dangereuses maladies dans les colonies de ces insectes. Le rat mort, ces maladies se propagèrent rapidement et, au printemps suivant, il n'y avait presque plus de guêpes dans toute la région. Or ces guêpes, en butinant les fleurs, assuraient leur fécondation. Sans elles, une quantité de plantes qui jouent un grand rôle dans la fixation des terrains mouvants,"
René Daumal. (1952). Le Mont Analogue, Roman d'aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques. L'imaginaire Gallimard.
https://journals.openedition.org/rga/13072
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